La Commission royale des Monuments et Sites est favorable au classement de la gare du Nord. Dans un récent avis, celle-ci va en grande partie dans le sens de la demande lancée par l’ASBL BRAL, le mouvement urbain pour un Bruxelles durable. La pétition demandant la sauvegarde de l’infrastructure ferroviaire érigée entre 1936 et 1956 a été introduite en décembre dernier à la suite de la polémique relative au remplacement (à l’initiative de la SNCB) des bancs historiques en bois sur les quais par des bancs métalliques.
"La Commission royale des Monuments et Sites rend un avis favorable à la sauvegarde de la gare de Bruxelles-Nord, en raison de sa valeur historique, esthétique et artistique", indique la commission. "La gare a été créée dans le contexte historique et urbanistique particulier de la construction de la liaison ferroviaire Nord-Sud. Elle a été construite dans un style moderniste avec des références au classicisme et occupe une place importante dans l’œuvre des grands architectes bruxellois Paul Saintenoy, son fils Jacques ainsi que Jean Hendrickx-Van den Bosch. L’ensemble forme un exemple remarquable du mouvement architectural qui a émergé dans notre pays à la veille de la Seconde Guerre mondiale et qui était dominant pour les bâtiments publics et officiels."
La gare a été érigée en trois blocs : les bureaux surmontés du clocher, la zone voyageurs avec la salle des guichets, les quais et les souterrains, puis enfin l’espace accueil et représentation avec le buffet, la salle du musée et le salon royal qui accueillaient les souverains belges. Certaines parties ont fait l’objet d’une importante opération de rénovation et de restauration, menée entre 2014 et 2019, d’autres ont gardé leur cachet historique.
La tour d’horloge, les quais, la salle des pas perdus
Mais faut-il classer l’ensemble du bâtiment, comme le demande le BRAL ? Peut-être pas dit la Commission. La gare a subi des changements drastiques au fil du temps. Dans son avis, elle liste en tout cas de très nombreux éléments parmi les plus intéressants à protéger.
D’abord : "toute l’enveloppe extérieure de l’actuel bâtiment de la gare et sa tour-horloge avec leur utilisation typique des matériaux : façades principales et latérales en pierre naturelle (blanc et bleu pierre naturelle) et façade arrière en brique (jaune), menuiseries métalliques."
L’ensemble des quais avec leur toiture et leurs éléments d’origine caractéristiques sont également retenus ainsi que les éléments décoratifs comme les verrières, les cabines téléphoniques, les bancs en bois, les horloges, les cadres d’affichages… La salle des pas perdus, incluant le plenum et les éléments du toit en béton est reprise. "Bien que l’espace a été modernisé, la zone en est une partie symbolique et structurante de la gare avec un concept d’espace remarquable. Il contient encore suffisamment d’éléments originaux significatifs tels que l’escalier monumental du musée, le plafond à caissons, l’étoile du Nord" dont la disparition a été redoutée lors de la rénovation de la gare, suscitant une mobilisation sur Facebook. Celle-ci est revenue à son emplacement et a été mise en valeur.