Actualités locales

La confection textile renaît en Wallonie grâce aux pulls d'une marque "belge, bio et solide" made in La Louvière

© Tous droits réservés

Faire renaître la confection textile en Wallonie et promouvoir des vêtements équitables, fabriqués près de chez nous : voilà les ambitions d'une toute jeune marque, "made in La Louvière". Le projet a vu le jour il y a deux ans. La vie n’est pas un long fleuve tranquille, pour l’équipe. Mais "Opte" vient de franchir un cap important.

C’est une date dont il se souviendra. Le 26 décembre, Antoine Giansante, fondateur de Opte, lance ses premiers sweat-shirts sur internet. "Cela faisait deux ans que nous attendions ce moment. J’étais stressé, j’avoue…" Le jeune Louviérois ne ferme pas l’œil de la nuit, à l’affût des premières précommandes. "C’est comme ça que nous fonctionnons" : pas de stock, pas de vêtements qui restent en rade. Le modèle est basé, en quelque sorte, sur de la production "à la demande".

rencontre avec le fondateur de Opte

Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement

Quelques jours plus tard, le fondateur de "Opte" respire. "Nous avons déjà reçu 35 commandes, alors que notre objectif est d’écouler 100 pulls sur un mois et demi. On est content !" Les statistiques lui permettent d’en savoir un peu plus sur ses clients. "Ce sont surtout des 30-45 ans, qui habitent dans les grandes villes : Mons, Bruxelles, Charleroi, Namur…" Autre point commun : la plupart des acheteurs font attention à leur consommation et leur mode de vie. Ils recherchent des alternatives écologiques, préparent leurs produits de beauté ou d’entretien "maison"…Côté garde-robe, ils tentent aussi d’acheter "moins mais mieux".

Aux antipodes de la fast-fashion

"Jusque dans les années 70, la Belgique, la Wallonie, étaient des fleurons de la confection textile. Il n’y a plus rien !" Derrière la marque Opte, il y a l’envie de faire renaître le secteur et relocaliser la production de vêtements. "On tient vraiment à travailler avec des acteurs belges. Nos sweats, en l’occurrence, sont produits à Lobbes, dans une entreprise de travail adapté, l'ETA Jean Regniers. On est doublement content car c’est local et il y a un projet de réinsertion de personnes en situation de handicap derrière".

© Tous droits réservés

Antoine Giansante et son équipe veulent aussi proposer des vêtements qui résistent à l’épreuve du temps. "Je pense que de plus en plus de gens en ont ras-le-bol des t-shirts qu’on achète quelques euros, mais qui finissent tout déformés au bout de deux ou trois lavages". Il ose l’affirmer car il a sondé la communauté qui suit sa marque, sur les réseaux sociaux. "Lorsqu’on les a interrogés sur leurs attentes, à une très grande majorité ils ont répondu qu’ils recherchaient des vêtements solides, durables dans le temps".

 

Chez Opte la guerre aux "bouloches" et aux t-shirts "transparents" est déclarée.

 

Cela passe par une recherche de techniques de production et de matières premières de qualité. "Chez nos fournisseurs, nous choisissons des tissus spécifiques. Le grammage, c’est du 400 g : 50% plus élevé en moyenne que ce qu’on trouve sur le marché. Et on a choisi un tricotage dense : il faut plus de fil pour faire la même quantité de tissu, mais on obtient une résistance bien plus grande. Nos vêtements subissent aussi toute une série de tests pour s’assurer de leur solidité".

Pour la fibre textile, ne rêvons pas. Pas de coton des Ardennes ni d’Alpaga liégeois. "La fibre de base vient de l’étranger. Ce coton vient de différents pays du monde mais doit être certifié GOTS. Ce sont les normes les plus strictes du secteur au niveau environnemental : refus de l’esclavage, du travail des enfants, etc. La fibre est filée et arrive en Europe, dans le nord de la France. Elle est tricotée et teintée en France, où elle devient un tissu. Puis le tissu arrive en Belgique, où se réalisent toutes les étapes de confection".

Le coût de la qualité

Le hic, c’est que tout ça a un prix. "C’est un des éléments les plus complexes à gérer. On a collectivement été habitué à acheter un vêtement à une valeur inférieure de ce qu’elle devrait être. On est conscient que tout le monde ne va pas s’acheter des sweats à 95 euros. Mais pour nous c’est le vrai prix à payer pour éviter l’esclavage, les dérives environnementales, les pratiques non respectueuses".

© Tous droits réservés

Coup d’œil sur les tableaux Excel d’Antoine Giansante. "Voilà le prix de revient d’un sweat : 53,78 euros. Pour un prix de vente de 95 euros. Dont il faut enlever la TVA !". Les marges, un petit 25%, servent à payer les frais de fonctionnement, les salaires de tout le monde…"sauf des fondateurs", sourit Antoine. Il se donne encore un peu de temps avant de pouvoir vivre de sa marque. "C’est le jeu, on sait que les débuts sont toujours difficiles, mais on a confiance dans la suite".

© Tous droits réservés

Un tel prix de revient a aussi une répercussion sur la commercialisation des produits. La marque Opte se vend pour l’instant exclusivement sur internet. C’est plus par nécessité que par choix. "Des enseignes sont intéressées par nos produits, et seraient prêtes à les vendre en magasin classique. Mais les commerçants doivent payer leurs loyers, les salaires. Ils prennent une marge de, généralement, 50% ! Or, nos marges à nous sont déjà très réduites. Impossible de diminuer nos marges, et si le prix des pulls augmente encore, cela va devenir impossible à vendre".

Sans cesse, remettre l’ouvrage sur le métier !

Nous avions rencontré Antoine aux tout débuts de l’aventure . "Le projet n’a plus rien à voir avec l’idée initiale". La vie d’entrepreneur n’est pas un long fleuve tranquille. Antoine Giansante le savait, dès le lancement. Il n’avait peut-être pas mesuré l’ampleur des défis qui l’attendaient. "Il faut sans cesse trouver des plans B, surmonter des obstacles, et même… Avoir un coup d’avance, prévoir tout ce qui peut nous arriver !" Mais rien ne semble entamer l’enthousiasme du jeune louviérois. "Je dirais même que… ça m’amuse d’affronter tous ces challenges !". Objectif pour 2023 : sortir un nouveau vêtement, tous les mois. Et viser la garde-robe complète pour fin 2024.

© Tous droits réservés

Recevez chaque semaine un condensé des événements culturels et touristiques de votre région

Recevez chaque semaine un condensé des événements culturels et touristiques de votre région. Attention, pour recevoir cette newsletter personnalisée, veillez bien à renseigner votre code postal dans votre profil.

Sur le même sujet

Articles recommandés pour vous