Coupe du Monde 2022

La Coupe du monde 2022, l’aboutissement d’un travail de fond pour le Canada

Alphonso Davies est le porte-drapeau du football canadien.

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Par Jérôme Jordens

En 1986, le Canada découvrait la Coupe du monde pour la première fois de son histoire. Une expérience qui aura mis du temps à être répétée puisque le mondial qatari sera le premier en 36 ans. Une vraie récompense pour un pays qui a développé son football petit à petit, sans brûler les étapes.

Il faut dire qu’il a fallu convaincre, le football n’étant pas le sport le plus populaire en Amérique du Nord. En 1980, le Canada ne compte que 200 000 licenciés et entre alors tout doucement dans un processus de popularisation mais aussi d’amélioration de son football. Désormais, ils sont près d’1 million à rêver de jouer pour les Canucks.

Une Gold Cup remportée en 2000 et selon la Fifa, le football est déjà le sport le plus populaire au Canada en 2006. Pourtant, on se trouve encore au début du projet.

En 2007, le Toronto FC est le premier des trois grands clubs canadiens à rejoindre la MLS. Il sera suivi par les Vancouver Whitecaps en 2011 puis par l’Impact Montréal (devenu Montréal FC) en 2012.

C’est la première étape vers un football canadien plus professionnel et plus médiatisé. On voit ensuite certains joueurs quitter l’Europe pour aller terminer leur carrière en MLS. Certains le font dans les clubs canadiens, comme Giovinco et plus récemment Insigne à Toronto ou Drogba et Ciman à Montréal.

D’anciennes gloires européennes qui signent en MLS, c’est une bonne mise en lumière. Mais l’important est que les jeunes canadiens puissent faire le trajet inverse et s’envolent briller en Europe.

Davies en porte-drapeau, la formation axée sur le développement à long terme

Une politique qui a fonctionné puisque les cadres de l’équipe nationale ne sont autres qu’Alphonso Davies qui évolue au Bayern Munich, Jonathan David, attaquant de Lille ou Stephen Eustaquio, milieu de Porto. Sur les 26 sélectionnés, ils sont 15 à évoluer en Europe. Sur les 11 joueurs évoluant en MLS, 10 jouent soit pour Toronto, Montréal ou Vancouver. Seul le gardien Dayne St Clair évolue à Minnesota.

Une majorité de joueurs évolue donc en Europe mais a également moins de 25 ans avec en point de mire le Mondial 2026 coorganisé par le Canada avec les USA et le Mexique. Avec cet objectif en tête la fédération canadienne poursuit son travail de formation et a mis en place différents projets pour attirer les jeunes vers le football.

Canada soccer tente de faire suivre le plan de développement à long terme du joueur (DLTJ), une feuille de route qui doit permettre aux jeunes de se développer correctement. "Lorsque les activités et les attentes ne correspondent pas avec l’étape de développement de l’enfant, ceci peut les mettre en place pour l’échec. La même chose est vraie lorsque de jeunes enfants sont plongés dans un environnement de soccer qui surestime “gagner” au détriment du développement des compétences et de son amusement. Les conséquences négatives peuvent durer toute une vie", explique Canada Soccer.

L’objectif de ce DLTJ est donc de placer les jeunes canadiens dans le meilleur environnement possible pour leur permettre de se développer et de prendre du plaisir avant peut-être de choisir la voie de joueur de football professionnel.

"Quand les enfants apprennent les bonnes compétences au bon moment et soutenu par une saine communauté de soccer composée de parents, d’entraîneurs, d’officiels et de bénévoles, ils deviennent plus confiants en leurs capacités et ont beaucoup plus de plaisir. Cela signifie que davantage d’entre eux deviendront des adultes sains et actifs avec un amour à vie pour le soccer", précise Canada Soccer.

Ouvrir le football au plus grand nombre

Le Canada récolte les premiers fruits de cette formation mais ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Canada Soccer et l’Association des joueurs de la Ligue canadienne de football (AJLCF) se sont récemment associés dans un partenariat conçu pour favoriser le développement et la croissance du football au Canada au cours des trois prochaines années.

Pour ce faire, les deux institutions ont organisé en septembre des journées d’essais pour les jeunes de quatre à huit ans, avec ou sans expérience du football, appelées Premier Essai. "Notre objectif est d’exposer un nombre record d’enfants au sport pour la première fois pendant le week-end du football au Canada", indique Jim Mullin, président de Canada Soccer. L’événement, gratuit, veut être un premier contact avec le ballon rond pour de nombreux Canadiens.

A côté de cela, Canada Soccer et l’AJLCF veulent également développer la formation et se sont donc engagés à pousser les entraîneurs vers des programmes de certification et veulent continuer à promouvoir le football au Canada à travers divers événements.

Un parcours d’éliminatoires maîtrisé de main de maître

Il faut dire que les résultats de l’équipe nationale peuvent également motiver les jeunes à se lancer dans le football. Pour se qualifier pour la Coupe du monde 2022, les Canucks ont réalisé les meilleurs résultats de leur histoire.

N’étant pas parmi les cinq meilleures équipes de la zone CONCACAF, le Canada doit passer par une première phase de qualification qu’il survole face à Aruba, aux Bermudes, aux Iles Caïmans et au Suriname. Les Canucks remportent leurs quatre rencontres avec 27 buts inscrits pour 1 seul encaissé et valident leur ticket pour la deuxième phase de qualification.

Un deuxième tour qui consiste en une double confrontation avec Haïti. Le Canada s’impose 0-1 en déplacement et s’offre une place pour la phase finale en l’emportant 3-0 à domicile.

Les choses sérieuses peuvent commencer pour les Canadiens qui retrouvent les cinq équipes exemptées des tours précédents ainsi que le Panama et le Salvador. La phase finale ne commence pas de la meilleure des manières avec quatre partages et une victoire sur les cinq premiers matchs.

Le Canada passe alors la deuxième et enchaîne six succès consécutifs dont des victoires à domicile face au Mexique (2-1) et aux Etats-Unis (2-0). Une défaite au Costa Rica (1-0), une victoire 4-0 face à la Jamaïque et une défaite au Panama (1-0), pour terminer leur campagne qualificative suffisent au Canada pour terminer en tête des éliminatoires de la CONCACAF, à égalité de points avec le Mexique mais avec une bien meilleure différence de buts.

Avec 23 buts marqués pour 7 encaissés, le Canada a réalisé une excellente campagne qualificative mais a surtout impressionné en étant invaincu face au Mexique et les Etats-Unis avec un nul 1-1 et une victoire 2-1 face aux Mexicains et un nul 1-1 et une victoire 2-0 face aux USA.

Le résultat, c’est une qualification pour la Coupe du Monde mais aussi un bond au classement FIFA. 73e mondial au début des qualifications, les Canadiens entameront la compétition au 41e rang.

Un Mondial que les Canucks entament plus motivés que jamais avec la volonté d’écrire l’histoire, en inscrivant le premier but ou en prenant le premier point du Canada au Mondial ou mieux en se hissant en huitième de finale avant de pouvoir penser à leur Coupe du monde, à domicile, en 2026.

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