Un autre reproche fréquemment adressé à la CPI est la lenteur de la procédure. Depuis l’ouverture d’une enquête jusqu’à la fin d’un appel, il faut compter une moyenne de dix ans. C’est long pour les victimes mais aussi pour certains prévenus, susceptibles de mourir avant l’issue du procès.
Pour mener à bien l’instruction, il faut aussi analyser une grande quantité de preuves. A la naissance de la Cour, les enquêteurs brassaient du papier. Aujourd’hui s’y ajoutent de très nombreux documents numériques, des vidéos d’exactions, des photos dont il faut recouper la fiabilité, retracer la provenance, identifier les intervenants.
Et sur ce processus long, pèse aussi l’influence de certains Etats, soit pour que la CPI entame des poursuites contre tel dirigeant, soit pour qu’elle les range dans un tiroir. Cela fait dire aux détracteurs de la CPI qu’elle applique une justice sélective.
Un exemple ? Les Etats-Unis, même sans être partie prenante de la CPI, ont fait pression dernièrement. En mars 2020, la CPI annonçait l’ouverture d’une enquête sur des crimes présumés en Afghanistan, des crimes commis par les talibans, par les forces de sécurité afghanes, mais aussi par l’armée américaine et le personnel de la CIA, l’agence américaine de renseignement.
En réponse, Donald Trump, alors Président américain, avait édicté des sanctions personnelles à l’égard de la Procureure du CPI. Quelques mois plus tard, le Procureur général suivant n’a plus inclus les actes de militaires américains ou de la CIA dans la mission d’enquête menée en Afghanistan : les crimes des Talibans sont plus récents, pires et prioritaires, avait-il argumenté.