Climat

La crise climatique détruit des sites archéologiques, avant que nous puissions les étudier

La crise climatique détruit des sites archéologiques, avant que nous puissions les étudier.

© Hatice TURKOGLU/Getty Images

La crise climatique affecte les écosystèmes naturels mais aussi l'Histoire. Vagues de chaleur, fortes précipitations, feux de forêt, tempêtes et sécheresses… L’augmentation de la fréquence et de la gravité de ces phénomènes météorologiques extrêmes menacent les vestiges archéologiques à travers le monde.

C’est la conclusion à laquelle arrive Jørgen Hollesen, chercheur au Musée national du Danemark, dans un article récemment publié dans la revue Antiquity. Il s’est appuyé sur les travaux de plusieurs de ses collègues archéologues pour évaluer l’impact international du changement climatique sur les sites patrimoniaux. 

Ce spécialiste a constaté que les répercussions de cette crise sont telles qu’elles portent atteinte à la préservation du patrimoine culturel. "Le changement climatique ne cesse de s'accélérer, amplifiant les risques existants et en créant de nouveaux, dont les conséquences pourraient être dévastatrices pour les archives archéologiques mondiales", écrit-il dans son étude.

"Atlantide du Yorkshire" : engloutie avant d'être localisée ?

L’archéologie subaquatique est particulièrement menacée par l’augmentation rapide des températures, l’élévation du niveau des mers et l’érosion des littoraux. "De l'Iran à l'Écosse, de la Floride à Rapa Nui et au-delà, les sites [archéologiques subaquatiques] se dégradent de plus en plus vite, souvent avant que les scientifiques ne puissent les recenser et évaluer leur valeur", affirme M. Hollesen.

La preuve avec Ravenser Odd. Cette ville portuaire, fondée vers 1235 sur des bancs de sable au large de la côte est de l’Angleterre, a disparu au XIVe siècle sous les eaux de la mer du Nord. Cela fait des années que la communauté scientifique nourrit l’espoir de localiser ce port médiéval légendaire appelé "l’Atlantide du Yorkshire"

Outre l’aspect historique de ces recherches, l’objectif est aussi de sensibiliser les Britanniques au problème de l’érosion côtière. "L’histoire de Ravenser Odd montre de manière extraordinaire l’impact de l’érosion côtière sur des zones habitées. Pour moi, le passé est un excellent moyen d’engager la conversation sur l’impact du changement climatique à long terme", a expliqué Daniel Parsons, géoscientifique et professeur de sédimentologie à l’université de Hull, au Guardian.

Quels sites sauver, quels sites sacrifier ?

La fonte des glaciers sous l’effet du changement climatique met également en péril de nombreux sites historiques, même si ce phénomène révèle aussi, par endroits, des trésors archéologiques enfouis depuis des siècles.

Les archéologues doivent agir vite s’ils veulent préserver l’intégrité de ces vestiges gelés.

"Sans une intervention rapide, une grande partie de cette culture matérielle se dégrade rapidement et ne peut plus contribuer à améliorer notre compréhension du passé", souligne M. Hollesen.

Face à l’ampleur du phénomène, certains archéologues ont commencé à avancer des solutions pour protéger les sites patrimoniaux à travers le monde. Mais elles sont difficilement mises en place, faute de moyens. "Même si, dans les années à venir, les archéologues et les urbanistes disposent d'outils suffisamment performants pour repérer les sites les plus vulnérables, ils seront toujours confrontés à des décisions difficiles : quels sont les sites à sauver et ceux qu'il faut laisser se dégrader ?", écrit M. Hollesen. 

Le spécialiste affirme toutefois que la préservation des vestiges archéologiques peut pousser les gouvernements et les pouvoirs publics à agir contre les effets de la crise climatique. La preuve que l'archéologie peut jouer un rôle crucial dans la lutte contre ce phénomène mondial.

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