L’immense majorité des indépendants et des petites entreprises en Belgique ont fini par surmonter la crise économique liée au Covid, mais ça n’a pas été sans mal. Beaucoup ont dû se réinventer.
Plus d’un quart des indépendants et PME ont dû repenser complètement leur modèle économique, c’est ce que montre une étude publiée hier. Pour l’essentiel, elles l’ont fait en intégrant le digital et les réseaux sociaux dans leur mode de fonctionnement. Ce n’était pas le cas jusqu’à présent.
"La crise a vraiment amené les gens à repenser, explique Arnaud Deplae, secrétaire général de l’Union des classes moyennes. Soit ils n’ont pas été impactés et la plupart n’ont pas encore repensé, mais ça va devoir venir. Et tous ceux qui ont été impactés ont dû, eux, vraiment se remettre en cause, et ils se sont remis en cause, pour la plupart, avec une augmentation de la digitalisation dans leurs relations avec leurs clients, avec leurs consommateurs".
La crise a ainsi fait gagner plusieurs années à des indépendants ou des petites entreprises qui n’avaient pas forcément très envie de repenser leur business model : "On parle aujourd’hui de cinq ans de gagnés ou de cinq ans de pression en termes de digitalisation. Et donc, on a eu toute une série d’indépendants qui n’étaient absolument pas digitaux, qui n’ont pas eu le choix, qui ont dû faire du click and collect et toute une série de choses".
Les crédits reprennent
Maintenant, si on regarde la situation économique des indépendants et des PME avec le regard du banquier, une normalisation semble en cours.
"La crise a été violente parce qu’elle a impacté tout le monde, que ce soit socialement, que ce soit professionnellement, selon Cédric Matte, directeur général du marché retail chez CBC Banque. Néanmoins, on s’attendait vraiment à un impact sur nos encours crédits qui était très important, et les banques ont toutes fait des amortissements importants et des réductions de valeur importantes. Et puis, on se rend compte petit à petit, on arrive au terme des reports d’échéances et on voit que les remboursements reprennent, que nos indépendants ont repris une activité professionnelle qui n’est peut-être pas exactement la même que celle qu’ils ont connue avant la crise, mais aujourd’hui, les remboursements crédits reprennent. Il y a évidemment encore quelques secteurs qui restent en difficulté, mais la grande majorité reprend aujourd’hui petit à petit. Et donc, oui, on est assez confiant sur la sortie de crise, ou en tout cas, on n’est pas inquiet comme on l’a été en début de crise, parce qu’on a vraiment été très inquiet pour nos indépendants".
Signe encourageant également, les demandes de crédit professionnel reprennent vigueur. Cela signifie que la confiance revient petit à petit.
Hausse des prix… et des salaires
La situation serait presque idéale s’il n’y avait pas cette poussée de l’inflation depuis quelques mois, à cause essentiellement de l’envolée des prix de l’énergie, mais pas seulement. Et donc, les coûts augmentent pour beaucoup d’entreprises.
"Vous avez deux types de secteurs : vous avez celui qui a repris, où la croissance est là et où l’inflation va être gérable, explique Arnaud Deplae, même si elle n’est jamais une bonne chose puisque vous avez l’augmentation des matières premières et des salaires, et vous avez des entreprises dans le secteur où ça n’a pas encore repris, où ça a repris très lentement, et donc on n’est plus sur une stagnation. Et là, une inflation, c’est vraiment une catastrophe".
L’inquiétude est donc dans les secteurs qui sont en train tout doucement de reprendre et qui sont confrontés en plus à une hausse de leurs coûts qu’il est peut-être difficile de répercuter sur les clients parce que, justement, ils recommencent ? Pour une série de contrats déjà signés, il est impossible de renégocier le prix, "et vous avez toute une série d’entreprises qui sont dans la compétitivité internationale, où l’indexation automatique arrive juste au moment où ils redémarrent, ce qui va être une espèce de deuxième coup de bâton dans les reins".