Cette crise est bien plus profonde et large que la seule préoccupation du climat. Il s’agit de biodiversité en péril, de réserves d’eau potable qui s’amenuisent, d’acidification des océans, de dérèglement du cycle de l’azote…
Pourtant, chez la plupart des dirigeants européens aujourd’hui, le principal cap est la réduction des émissions de CO2, avec l’idée que c’est faisable sans trop modifier nos paramètres économiques et en pouvant même rêver d’une "croissance verte".
Mais c’est sans compter alors avec toutes les autres limites planétaires : tous les métaux rares nécessaires aux "énergies vertes" vont transformer les sols en gruyère et consommer énormément d’eau, l’exploitation démultipliée de la biomasse va aggraver la crise de la biodiversité, la consommation maintenue à son niveau actuel (voire augmentée) va continuer à polluer nos sols et acidifier les océans.
C’est bien pour cela que de très nombreux scientifiques (du GIEC ou de l’IPBES) estiment qu’une vraie prise en compte de la crise écologique dans son ensemble implique de penser la sobriété, de repenser fondamentalement nos modèles économiques, notre consommation, nos déplacements, notre alimentation.
La sortie d’Alexander De Croo a au moins ce mérite : elle démontre qu’on ne peut pas à la fois dire qu’on va résoudre la crise écologique… et continuer dans les paramètres économiques actuels (en remplaçant juste les énergies fossiles par des énergies renouvelables et du nucléaire tout en améliorant l’efficacité énergétique).
Nous sommes face à un choix difficile et profond : acceptons-nous de repenser vraiment notre façon d’habiter la planète ? Ou prenons-nous le risque de continuer à en perturber fondamentalement les équilibres avec l’espoir que la science nous permettra (et permettra à nos enfants) de faire face à une planète qui demain ne ressemblera plus du tout à ce qu’elle est aujourd’hui ?
Alexander De Croo, Zuhal Demir et Emmanuel Macron semblent avoir déjà choisi.