15 novembre 2006. Dans un stade Roi Baudouin plongé en semi-léthargie, la Belgique s'incline 0-1 contre la Pologne, dans un mélange d'indifférence blasée et de coups de sifflets outrés. C'était l'époque où l'Union belge de football devait distribuer des invitations à tout va pour donner l'illusion d'une mobilisation populaire, l'époque où les maillots tricolores étaient revêtus par Carl Hoefkens, Karel Geraerts, Timmy Simons, Kevin Vandenbergh ou Stijn Huysegems... Sous la houlette du champion toutes catégories du cynisme (tant sur le terrain que dans le verbe) et des mathématiques à l'envers : René Vandereycken.
16 ans plus tard, on a vu rejaillir le feu d'un ancien volcan qu'on croyait trop vieux. Ressuscité des sensations qu'on croyait enfouies sous les scories du temps. Et la douleur était d'autant plus forte que les coups de sifflets et les huées entendus vendredi soir, sur le coup de 22h30, n'étaient pas adressés à des sans-grade, incapables de s'agripper à un rang trop élevé pour eux, mais bien aux membres émérites de la "génération dorée"...
Faillite physique (tous les Diables alignés étaient-ils réellement "fully fit" ?), faillite tactique ("On a remporté le match parce que on a remporté la bataille de l'entrejeu", a déclaré Louis Van Gaal), faillite mentale et motivationnelle...
L'échec dans toute sa splendeur, avec son lot douloureux de piqûres historiques pour en souligner l'ampleur : première défaite à domicile depuis 2016 (Espagne 0-2), première défaite à domicile dans un match officiel à enjeu depuis 2010 (Allemagne 0-1), première défaite à domicile par trois buts d'écart depuis 2008 (Maroc 1-4)... N'en jetez plus, la coupe est pleine.