La dialyse à domicile, une technique plus sûre grâce à une découverte belge

Bernard Remy pratique la dialyse à domicile

© CUSL/HUGUES DEPASSE

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Par Thierry Vangulick

De plus en plus de Belges vont souffrir d’une affection rénale grave dans les années à venir. Et le traitement de cette maladie chronique passe par la dialyse, y compris à domicile, encore peu pratiquée en Belgique. Une découverte des chercheurs de l’UCLouvain et des cliniques Saint Luc va pourtant rendre cette technique à domicile beaucoup plus sûre et accessible au plus grand nombre.

L’insuffisance rénale chronique est en hausse de 20 à 30% depuis 30 ans et concerne aujourd’hui 700 millions de patients partout dans le monde. En Belgique, on recense quelque 10.000 personnes souffrant de cette maladie grave pour laquelle il existe deux sortes de traitements par dialyse : l’hémodialyse que pratiquent environ 9000 patients en Belgique et la dialyse péritonéale qui concerne près de 1000 personnes qui la pratiquent à domicile.

Moins invalidant

Comme Bernard Remy. Ce Tournaisien s’est vu diagnostiquer une maladie rare à 18 ans. Aujourd’hui il a 54 ans et il est toujours en attente d’une greffe de rein. Mais il a choisi la dialyse péritonéale à domicile, une pratique moins lourde et plus confortable pour le patient : "J’ai eu le choix entre l’hemodialyse et la dialyse à domicile. J’ai choisi cette pratique qui me demande de réaliser moi-même la ponction de l’eau dans les reins trois fois par jour de façon manuelle et je peux le faire aussi la nuit.  C’est exigeant mais cela me permet de travailler tout à fait normalement alors que l’hemodialyse m’obligerait à aller 3 fois par semaine à l’hôpital avec un risque de complications et des effets secondaires, comme une fatigue extrême, bien plus invalidants."

Un facteur génétique dangereux

La dialyse péritonéale, très répandue dans certaines régions du monde, a aussi des inconvénients. En particulier, la qualité de la membrane péritonéale est moindre chez certains patients, avec une faible capacité de transport d’eau augmentant le risque de complications, sans que l’on comprenne pourquoi.

Les travaux du professeur Olivier Devuyst (UCLouvain), associé aux professeurs Morelle et Goffin des Cliniques Saint-Luc, ont identifié, pour la première fois, un facteur génétique qui influence la capacité de transport de l’eau – un facteur essentiel pour la qualité de dialyse. Ce facteur génétique, présent chez 15% des patients, responsable d’une moindre quantité de canaux à eau dans le péritoine, rend la dialyse et l’élimination d’eau plus difficiles, augmentant le risque de complications et de décès. Avec cette découverte, on peut désormais identifier ce facteur génétique et adapter le traitement pour mitiger les effets défavorables et augmenter la qualité de la dialyse.

Dialyse à domicile

La dialyse à domicile n’est encore pratiquée que par 10% des patients mais avec l’explosion prévisible du nombre d’insuffisance rénale dans les années à venir, cette découverte va prendre une importance de plus en plus grande car elle ouvre la voie vers de nouveaux essais cliniques, la mise au point de nouveaux traitements en améliorant la technique de la dialyse péritonéale. Un pas en avant vers une médecine de précision pour les patients en insuffisance rénale.

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