L’équipe de " Grandeur Nature " quitte l’oppidum pour le château de Saint Martin qui peut lui aussi s’enorgueillir d’un passé sans doute moins long que celui des premiers habitants du village fortifié, mais il ne s’en faut que de quelques siècles. Après l’époque mérovingienne – entre le Ve et le 8e siècle, entre l’avènement de Clovis et celui de Pépin le Bref- cette période qui allait propulser l’humanité dans le Moyen Age – des moines vinrent s’établir ici pour y créer un prieuré viticole. En 1740, l’antique prieuré des moines fut racheté par le Marquis de Villeneuve Bargemon, qui fit construire le Château pour l’offrir en dot pour le mariage de sa fille Marie-Anne avec le Comte de Juigné. Depuis, le Château s’est presque toujours transmis de Comtesse en Comtesse, à l’exception du Comte de Rohan Chabot, grande figure du monde viticole et grand père de la propriétaire actuelle Adeline de Barry qui représente la 11e génération de la famille.
" J’ai la chance d’avoir des enfants qui, je l’espère, représenteront la suivante et s’occuperont du domaine. Nous produisons des vins blancs, rosés et rouge d’appellation Côte de Provence. Nous avons racheté, fin 2017, la liquoristerie de Provence, une belle entreprise artisanale que nous avons redéployée, en retrouvant des recettes du passé, à base de macération et d’infusions de plantes. La Nature y joue un rôle fondamental. Nous réalisons de l’agriculture dite de " régénération ", avec un label de haute valeur environnementale. Mais nous voulons aller plus loin en utilisant des probiotiques pour aider la vigne à se défendre contre les maladies et en faisant appel à une myriade d’huiles essentielles. Ici, nous nous trouvons dans un parc à l’anglaise dessiné par la première propriétaire du Château qui, à l’époque, avait planté 200 espèces d’arbres différentes. Nos vignes sont entourées de bois, qui regorge d’une variété très riche de faune et de flore. La liquoristerie a encore raffermi cette cohérence puisque les liquoreux sont fabriqués à base de plantes. Comme notre gin " Poulpe Bleue " réalisé avec 51% de baies de genévrier que nous avons voulu sublimer par un accent méditerranéen, en ajoutant de la racine d’iris, de la rose, de la criste-marine, de la menthe, de la coriandre. Si nous l’avons baptisé " le Poulpe Bleu ", c’est parce qu’on a recherché des animaux qui avaient un lien avec leur pays d’origine et en rapport avec la Provence. Le gin a été découvert par les marins anglais. On a donc recherché un animal qui faisait la jonction entre ces marins et notre terre de Provence. D’où le nom de poulpe. Et bleu, parce que dans les contes et légendes de Provence, ce poulpe venait de la mer et en sortait la nuit dans les calanques pour manger des botaniques. "
Comment goûter la Provence à travers ses liqueurs ? " Toutes nos liqueurs sentent la Provence. J’ai un faible pour le pastis bleu et l’absinthe qui, en dépit de sa réputation sulfureuse bâtie sur des consommateurs qui abusaient d’une absinthe de mauvaise qualité et, surtout, en buvaient en fumant de l’opium, est un anti-inflammatoire très efficace et un bienfait pour la digestion. La liquoristerie de Provence a été la première à la réintroduire après la levée de l’interdiction. Et j’en suis fan : c’est une plante qui soigne et dégage des pointes d’anis et le côté amer de la grande absinthe. Typiquement provençal, il y a la liqueur de thym, de lavande, de figue… " On ne se lasse pas, au cours de notre promenade dans le jardin des plantes, de découvrir toutes leurs vertus : la fleur de sureau, celle qui sucre les liqueurs, le basilic qui booste l’appétit et est hautement recommandé aux personnes souffrant d’anorexie ou encore la réglisse, dont les bâtons macérés sont bienfaisants pour le cœur.