Le 15 septembre 2008, la banque américaine Lehman Brothers fait faillite, déclenchant une panique inédite depuis 1929. Vu le poids économique des Etats-Unis, la panique se propage dans le reste du monde.
2008 : intervention massive des banques centrales
Les pouvoirs publics vont réagir. Les banques centrales injectent plus de monnaie dans l’économie, les Etats augmentent leurs dépenses pour atténuer les effets de la crise comme le chômage et pour soutenir l’économie.
La Fed baisse très vite ses taux directeurs dès 2007, la Banque centrale européenne attend 2008, car elle se soucie plus du risque d’inflation. A l’automne 2008, la crise s’aggrave, on parle de krach comme en 1929, et il faut des interventions plus massives des Etats et des banques centrales pour sauver le système bancaire. Plusieurs institutions sont en cessation de paiements et la Fed les sauve in extremis comme la compagnie d’assurances AIG, certains sont rachetés par des concurrents, d’autres liquidés comme Lehman Brothers.
Pour offrir des liquidités, les banques centrales allongent les facilités de refinancement, proposent un recours plus facile au financement en devises. Elles baissent également de manière exceptionnelle leurs taux directeurs (en février 2010, à 1% pour la BCE ; 0,25% pour la Fed ; 0,5% pour la Bank of England ; 0,1% au Japon).
Mais il faut plus : des moyens non conventionnels comme l’augmentation de la quantité de monnaie en circulation, des interventions sur les marchés, des prêts à 3 mois aux banques en Europe, des achats d’obligations d’Etat aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne.
En Europe où des défaillances apparaissent notamment chez nous en Belgique pour Dexia ou Fortis, les États interviennent en octobre 2008, avec des plans de grande ampleur comprenant à la fois des garanties étatiques pour le refinancement et des mesures de recapitalisation menées par les États, pouvant conduire de facto à la nationalisation de banques. La Banque centrale européenne (BCE) sort le chéquier : elle injecte des liquidités auprès des banques pour une somme record de 155,85 milliards d’euros.
Les États-Unis lancent le plan Paulson, du nom du secrétaire du Trésor, qui met en place une structure qui reprend aux institutions financières leurs actifs toxiques (notamment les dérivés de crédits subprime).
Les effets des interventions des banques centrales restent limités, les pertes sont immenses et le marché du crédit affaibli. Mais aux Etats-Unis, le rebond économique est assez rapide. En Europe, les problèmes s’enchaînent avec la crise des dettes publiques dans la zone euro.
Différences entre la crise actuelle et 2008
Tout d’abord depuis 2008, les dépôts sont plus garantis qu’à l’époque et les banques sont plus solides, explique Philippe Ledent, expert économiste chez ING. Le but de la Fed, c’est d’éviter la perte de confiance, "d’éviter qu’un problème isolé ne devienne un problème de confiance parce que c’est beaucoup plus difficile à maîtriser".
Au passage, Philippe Ledent y voit un rappel à la Fed du risque qu’il y a à remonter rapidement et brutalement les taux : cela a un impact sur l’économie et la sphère financière.
Les risques de contagion sont limités, ajoute Erik Joly, économiste en chef chez ANB AMRO à la VRT. "C’est une banque régionale avec une clientèle très spécifique, l’industrie tech. Selon lui, il n’y a pas d’interdépendance avec les autres grandes banques américaines. "De plus, il ne faut pas oublier que les banques du monde entier ont considérablement renforcé leurs coussins de fonds propres depuis la crise bancaire".
Autre différence avec 2008 : cette fois les autorités américaines ne vont pas venir renflouer la banque en faillite. La secrétaire au Trésor, Janet Yellen, exclut ce dimanche un renflouement de SVB : "Pendant la crise financière, des investisseurs et des propriétaires de grandes banques systémiques ont été sauvés… et les réformes mises en place signifient que nous n’allons pas recommencer". Et le président américain Joe Biden s’est dit "fermement déterminé à demander des comptes aux responsables de ce gâchis".
1929 : krach de Wall Street et grande dépression
Si on remonte encore le cours de l’histoire, la comparaison peut se faire avec le krach boursier de 1929. Les causes ressemblent un peu à la crise des subprimes : le secteur privé s’endette, c’est la déflation par la dette due à une politique monétaire laxiste encourageant la constitution d’une gigantesque bulle spéculative sur les marchés d’actions américains à la fin des années 1920. En 2008, la bulle spéculative s’est concentrée sur l’immobilier et le crédit.