Liège

La fin de la crise des scolytes semble se confirmer

La fin de la crise des scolytes semble se confirmer

© AFP

Par Estelle Falzone

Depuis 2018, la Belgique fait face à une "épidémie" dans ses forêts. Les scolytes, des insectes mangeurs de bois, pondent leurs œufs sous l’écorce d’arbres déracinés, affaiblis ou fraichement abattus. Une fois installés dans un environnement propice à leur reproduction, ils prolifèrent et s’attaquent aux arbres en bonne santé.

Dès qu’un arbre est scolyté, il doit être retiré rapidement au risque de voir les insectes se reproduire. C’est ainsi qu’entre 2018 et 2020, des dizaines de milliers de mètres cubes d’arbres ont été abattus en Belgique. En 2021, le climat humide et frais, notamment les fortes pluies de l’été, a mis un frein à l’épidémie. L’humidité est un ennemi mortel pour les scolytes.

Un climat favorable

En région liégeoise, des inondations dévastatrices ont marqué l’été. De manière générale, le climat estival a été particulièrement humide. Ces averses ont cependant eu un effet bénéfique sur la santé des forêts car elles ont permis d’éradiquer une partie des scolytes nichés sous l’écorce des arbres.

A Stavelot, après trois années de sécheresse, l’eau a rendu son éclat à la forêt. "Je peux dire qu’aujourd’hui, la commune est tirée d’affaire. En 2018, nous avions récolté 1.600 mètres cubes de bois malade, contre à peine 20 mètres cubes en 2021 (soit environ une vingtaine d’arbres)", explique Raymond Kockelman, échevin en charge de la forêt à Stavelot, et lui-même exploitant forestier.

Même son de cloche à Stoumont. 1.225 mètres cubes de bois scolytés ont été récoltés en 2018, 375 en 2021. "L’année dernière a été particulièrement pluvieuse. Ce n’était pas toujours bon pour notre moral, mais force est de constater qu’elles ont eu un effet bénéfique sur la santé de nos forêts. Pour 2022, nous n’avons même pas prévu de ventes anticipées de bois", précise Marie Monville, échevine en charge du patrimoine forestier.

L’échevine développe: "Les années précédentes, nous avons organisé des ventes anticipées de manière à assurer un retrait rapide du bois scolyté. La commune avait donc conclu un accord avec un marchand à un prix fixé au préalable. Il avait été décidé que le marchand retirerait un certain volume de bois, et donc nous avions la garantie de tirer un revenu de ce bois, même contaminé". Il faut savoir que s’ils sont abattus rapidement, les arbres atteints peuvent encore être réinjectés dans la filière bois.   

Un gain financier considérable pour les communes

Pour ces communes particulièrement boisées, l’exploitation forestière représente une part considérable du budget communal. A Stavelot, dont un quart de la superficie est boisé, la vente de bois communal rapporte environ 400.000 euros en moyenne. En 2018, la première année de la crise des scolytes, la commune n’a pu en tirer que 200.000 euros. "En 2021, la vente de bois a rapporté 600.000 euros, c’est une excellente année. A titre de comparaison, cela se rapproche fortement des rentrées des taxes du circuit de Spa-Francorchamps", avoue Raymond Kockelman.

A Stoumont, la forêt recouvrant pratiquement la moitié de la commune, la vente de bois représentait 10% des bénéfices de la commune, avant 2018, et servait à la gestion quotidienne de l’administration, Aujourd’hui, face à l’incertitude, ce n’est plus le cas, comme l’explique Marie Monville: "Avec le temps, nous nous sommes remis en question. Nous avons remarqué que ces recettes n’étaient plus acquises pour le futur. L’argent que nous tirons de l’exploitation forestière, nous le réinjectons dans des investissements à l’extraordinaire. Nous ne tablons plus sur ces revenus pour faire fonctionner la commune."

Des moyens pour lutter contre les scolytes

Si l’accalmie semble se confirmer, tout est fait pour éviter le retour des nuisibles, notamment grâce au monitoring des foyers de scolytes. Dans la commune de Stoumont, par exemple, une parcelle, appelée le "Male He", est particulièrement problématique. Situés sur une colline pentue et difficile d’accès pour les exploitants, 18 hectares de forêts abritent une dizaine de foyers de scolytes, que la commune ne parvient pas à éliminer totalement. "Nous avons donc décidé d’organiser une vente exceptionnelle par la mise à blanc de cette zone. Un marchand va s’occuper d’abattre tous les arbres. Cela nous garantit une rentrée d’argent supplémentaire, et cela nous évite surtout des frais de gestion très onéreux", avance l’échevine.

Si cette zone venait à être totalement contaminée, les coûts d’abattage seraient trop onéreux pour la commune. On encourt, par ailleurs, le risque de voir les scolytes se propager sans prise en charge rapide.

 

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