La Foire du Livre de Bruxelles, une superbe vitrine pour les éditeurs indépendants

En mars dernier, la Foire du Livre de Bruxelles avait dû être annulée à cause de la crise sanitaire. "Les petits éditeurs s’en sont vraiment trouvés affectés, car ils ont besoin de cet événement pour dynamiser leurs ventes", affirme Simon Casterman. Plus l’éditeur est important, moins la Foire du Livre représente évidemment un moment primordial dans les ventes littéraires."

Xavier Vanvaerenbergh a créé la maison d’édition Ker en 2009 près de Mont-Saint-Guibert, dans le Brabant wallon. Il publie majoritairement des auteurs belges qui écrivent de la fiction, des essais en science humaine, des romans, des recueils de nouvelles et des livres pour la jeunesse. Il se définit entre "petit et moyen éditeur", et il est le seul employé de son entreprise.

"À la Foire du Livre, je suis toujours hébergé chez mon diffuseur-distributeur, donc chez Media Diffusion. C’est une question de coût. Le prix d’un stand est très élevé à la Foire", confie-t-il. Les bonnes années, les Editions Ker vendent environ 200 ouvrages le temps d’une Foire. Mais cela ne justifierait pas la location d’un stand. Ce qui compte, dans une Foire, ce sont les rencontres qu’on y fait.

Le pouvoir d’achat a baissé, les gens achètent moins de livres. On doit se réinventer, trouver d’autres stratégies.

Le contact entre l’éditeur et le lecteur permet entre autres d’interroger l’usage de la lecture. "2022 a été une année creuse en termes de ventes, explique Xavier Vanvaerenbergh, et beaucoup de confrères et consœurs m’ont dit la même chose. En effet, le pouvoir d’achat a baissé, les gens achètent moins de livres. On doit se réinventer, trouver d’autres stratégies. Le fait de pouvoir enfin, cette année, retrouver le public, de pouvoir discuter en direct avec les bouquins en mains, c’est quelque chose qui va beaucoup nous aider."

Même son de cloche de la part de Mélanie Roland, directrice des éditions belges Alice (livres jeunesse). Elle aussi souligne l’utilité d’une rencontre en direct avec les lecteurs : "Nous, on ne vend pas. Ce sont les libraires qui vendent pour nous, car dans la vie de tous les jours, on est dans un bureau et on ne voit jamais les lecteurs, on n’a jamais l’occasion de discuter avec eux. Or c’est très important de le faire quand ils viennent choisir un livre dans notre stand. C’est très important d’avoir leur retour, notamment leur commentaire par rapport aux couvertures".

Xavier Vanvaerenbergh, patron des éditions Ker, évoque également l’importance des séances de dédicace pour maintenir un lien avec les lecteurs. "Aujourd’hui, Rose-Marie François dédicace son recueil Belgiques, et il y aura d’autres dédicaces ce week-end. J’en ai profité évidemment pour en mettre autant que possible sur les starting-blocks."

J’ai vraiment l’impression d’une potentielle renaissance cette année-ci.

En 2021, la Foire du Livre de Bruxelles avait été organisée en version digitale. Elle avait réuni environ 50.000 personnes sur la toile, ce qui est plutôt pas mal en termes de fréquentation si l’on compare aux entrées des années précédentes (qui comptent entre 60 et 70.000 visiteurs). Cependant, cela n’avait pas fait les choux gras des éditeurs indépendants. "La foire digitale n’a pas permis de se voir en direct, elle n’a pas permis ce lien-là, explique l’éditeur Xavier Vanvaerenbergh. J’ai vraiment l’impression d’une potentielle renaissance cette année-ci."

Pour les éditeurs, un tel événement permet aussi de rencontrer les acteurs du circuit du livre. Xavier Vanvaerenbergh se réjouit de discuter avec des éditeurs flamands. "Ils ont été invités, explique l’éditeur du Brabant wallon. Le but est que nous puissions envisager avec eux des possibles synergies de ventes de droits. Ce sont des opportunités formidables organisées par la Fédération Wallonie-Bruxelles. C’est évidemment extrêmement précieux, car pour nous c’est toute une part de visibilité que l’on cherche à avoir en tant qu’éditeurs de fiction et non-fiction adulte, un domaine où c’est un peu plus difficile que du côté jeunesse pour obtenir des ventes de droits."

Les éditions belges Weyrich, installées à Neufchâteau, voient également dans la Foire du Livre de belles opportunités en matière d’échanges : "c’est l’occasion par exemple de rencontrer des auteurs, explique Justine Sanglier des éditions Weyrich. Il y en a énormément qui viennent se présenter avec leur manuscrit ou bien uniquement pour prendre nos coordonnées. Ils nous questionnent sur notre ligne éditoriale pour voir si éventuellement on serait intéressés par ce qu’ils ont à nous proposer".

La Foire du Livre de Bruxelles refermera ses portes ce 2 avril en soirée à Tour & Taxis. L’événement est entièrement gratuit.