La folie des années 80

La folie des années 80 : 1984 - Ronald Reagan, un avant-goût de Donald Trump (Episode 4)

La Folie des Années 80

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Par Johan Rennotte via
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Les médias francophones publics vous font remonter le temps. Partez à la découverte d’une décennie haute en couleur qui aura marqué l’Histoire. Une série de huit épisodes qui vont feront vivre ou revivre la folie des années 80’.

 

1984, la ville de Bhopal, en Inde, est victime de la plus grosse catastrophe industrielle de tout le temps, François Mitterrand et Helmut Khol se tiennent la main sur les champs de bataille de Verdun, l’URSS boycotte les JO de Los Angeles, tandis qu’un homme remporte l’une des plus grandes victoires électorales de l’histoire des États-Unis, Ronald Reagan est réélu président.

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Make America Great Again

© Keystone – Getty Images

Ronald Reagan, avant d’être élu à la présidence, est déjà bien connu en Amérique, puisqu’il est acteur hollywoodien. Il a joué principalement des seconds rôles dans des westerns, mais il n’en est pas moins devenu célèbre. Président du syndicat des acteurs, il deviendra par la suite gouverneur républicain de Californie pour deux mandats, avant de se lancer plusieurs fois dans la course à la présidentielle. Il faudra attendre sa troisième candidature, en 1980, pour qu’il accède à la Maison-Blanche.

Ronald Reagan, quand il se présente, c’est vrai que beaucoup s’en moque en disant " haha, voilà un acteur de série B qui veut faire le président ". Mais c’est quand même ignorer qu’il a cette expérience politique de gouverneur de Californie, que c’est un poids lourd au sein du parti républicain, et puis surtout sa force, c’est qu’il projette un optimisme, une foi en l’avenir qui fait totalement défaut au président Jimmy Carter (Nicole Bacharan)

L’Amérique ne va pas bien, elle doute. Son économie a été très durement frappée par la crise pétrolière. Le chômage s’envole, et le pays recule face aux Soviétiques sur le plan géopolitique. " Make America Great Again ", c’est déjà le slogan de campagne de Reagan.

Le président va redonner la confiance dans la grandeur de l’Amérique. Il va enclencher plusieurs réformes, notamment sur le plan économique, en baissant les impôts, en minimisant le rôle de l’État dans l’économie et dans l’aide sociale. Dans cette optique, il supprime les pensions et les allocations sociales. Car une partie de la population a le sentiment de payer des impôts pour financer la paresse de celles et ceux qui ne veulent pas travailler.

L’heure est à l’ultralibéralisme, à la désindustrialisation, au règne de la bourse, à la mondialisation extrême. Reagan s’inspire de ce qui se fait dans la Grande-Bretagne de Margaret Thatcher. Et sur la durée, ça marche, l’économie se porte bien. Mais tout le monde n’en profite pas, les laissés-pour-compte sont de plus en plus nombreux, et le système va finir par éclater et provoquer les crises économiques à répétition que nous avons connues.

Le 3 août 1981, les aiguilleurs du ciel se mettent en grève. Ils revendiquent de meilleurs salaires, 32h de travail par semaine et un matériel plus moderne. Seule la moitié des vols sont assurés dans tout le pays. La réponse de l’ancien syndicaliste Reagan est ferme : les aiguilleurs sont des fonctionnaires fédéraux et la loi stipule qu’ils ne peuvent pas faire grève contre l’État. Ceux qui ne viendront pas travailler sous les 48h seront renvoyés. 11000 travailleurs perdent leur emploi.

Cette Amérique forte, puissante, implacable, fait rêver dans le reste du monde, et surtout en Europe, mais aussi en Amérique latine. Le pays devient le modèle à suivre sur le plan économique. C’est l’heure de gloire de rêve américain comme on l’imagine au cinéma.

 

Hollywood se réinvente

Le cinéma hollywoodien sert de catalyseur à cette image d’une Amérique forte, viriliste, à ce culte de la performance. Les années 80, c’est la naissance du cinéma très grand public, des immenses blockbusters.

La doctrine de Reagan influence aussi le cinéma, où l’on affirme cette puissance de l’Amérique victorieuse, patriotique, parfois jusqu’à la caricature. Les héros redeviennent à la mode.

Le film doit devenir un événement en lui-même, un objet de marketing. On périodise les films : certains sont faits pour sortir en été, d’autres à Noël. On veut atteindre une rentabilité maximale très vite. Les deux hommes qui sont à l’origine de cette réinvention du modèle hollywoodien, ce ne sont nuls autres que Steven Spielberg et Georges Lucas qui, à la fin des années 1970, vont lancer deux bombes sur le grand écran : " Les dents de la mer " et " La guerre des étoiles ".

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Le cinéma est devenu fort en image, une véritable attraction en elle-même. Le merchandising commence à se développer de plus en plus autour de ces grandes productions, qui est encore bien vivant aujourd’hui. Lucas et son " Star Wars ", dont les deux suites sortent dans les années 80, vont faire naître des immenses communautés de fans, qui commencent à se réunir en conventions pour partager leurs passions.

© Getty Images

Un autre produit dérivé fait son apparition dans les commerces : la cassette vidéo ou VHS, indissociable de son magnétoscope.

Elle va permettre aux spectateurs de domestiquer le film. Auparavant, si on aimait un film en salle, on savait qu’une fois qu’il serait déprogrammé, on ne le verrait plus. Tout à coup, on va pouvoir retrouver des films. Ça va bouleverser complètement notre rapport au cinéma […].

Ça bouleverse aussi l’industrie, qui va comprendre que la carrière d’un film ne se termine plus avec la fin de l’exploitation cinématographique.

Un film va désormais être produit dans l’idée qu’il peut connaître une 2e, une 3e voire une 4e vie par la suite, en location et en diffusion télévisuelle.
(Dick Tomasovic)

Des films qui n’ont pas fonctionné en salle peuvent désormais attirer un autre public en VHS, tandis que le nouveau support permet à des films de genre qui n’auraient jamais trouvé leur place dans une programmation de cinéma de se faire diffuser, comme les films d’horreurs, d’action ou de pornographie.

Autre nouveauté que l’on doit à Lucas et Spielberg : la sérialisation des films en sagas. Indiana Jones et Star Wars en sont les exemples types, les tout premiers blockbusters à enchaîner les suites. Ce nouveau cinéma " popcorn " s’adresse largement à un public jeune. On va au cinéma entre amis ou en amoureux. Les teenagers sont le public cible, y compris en France avec des films comme " La boum ". Les héros des films ont le même âge que les ados dans la salle.

 

Les années 80, ce sont les années des grandes icônes pop, Michael Jackson, Indiana Jones, la DeLorean de " Retour vers le Futur ", mais aussi, Ronald Reagan. Néolibéralisme, cinéma, Ronald Reagan aura été l’acteur de son rôle principal, celui de président des États-Unis.

Une série réalisée par Cécile Poss et Marion Guillemette.

Avec les interventions de :

 

Nicole Bacharan – politologue spécialiste des États-Unis

Phillipe Chassaigne – historien spécialiste de la Grande-Bretagne

Thomas Snégaroff – journaliste et historien spécialiste des États-Unis

Dick Tomasovic – professeur de cinéma et des arts audiovisuels à l’ULiège

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