La Fondation Melinda et Bill Gates finance aussi la recherche belge

Par Pascale Bollekens

Bill Gates, le fondateur de Microsoft et quatrième plus grosse fortune au monde (124 milliards de dollars), a démissionné de son entreprise en 2014. Avec son épouse, il avait créé au début des années 2000 la fondation "Melinda et Bill Gates", pour un accès à des soins de qualité pour tous les être humains.

En 20 ans, cette plus grande fondation privée au monde a dépensé 53 milliards de dollars et emploie quelque 1600 personnes, si l’on en croit le site officiel.

"Si nous laissons les médicaments et les vaccins aller aux plus offrants, au lieu de les distribuer à ceux qui en ont le plus besoin, nous aurons une pandémie plus longue, plus injuste et plus meurtrière."

En 2011, devant les membres de l’OMS, il insistait déjà sur la nécessité de vacciner le plus grand nombre : "Dans les 10 prochaines années, nous devrions au début, pouvoir éradiquer la poliomyélite, et à la fin, avoir cinq vaccins disponibles pour tous les enfants du monde."

En juillet 2020, en pleine pandémie, il lancera lors d’une conférence virtuelle internationale sur le Covid-19 : "Si nous laissons les médicaments et les vaccins aller aux plus offrants, au lieu de les distribuer à ceux qui en ont le plus besoin, nous aurons une pandémie plus longue, plus injuste et plus meurtrière."

La fondation Melinda et Bill Gates a financé 44 projets en Belgique

Chez nous, on le sait peu mais il a financé de nombreux centres de recherche, d’entreprises pharmaceutiques, d’universités qui travaillent dans ces domaines de la santé. En tout, 44 projets pour un montant de 131,3 milliards d’euros. Parmi eux, l’institut REGA de Biosécurité de la KULeuven.

Johan Neyts, professeur de virologie à la KULeuven et responsable du labo se rappelle : "Je n’ai pas de contact avec Bill Gates mais nous étions en contact avec sa fondation avant la pandémie, il avait financé le développement d’une nouvelle technologie pour des vaccins. Il savait que nous possédions un labo unique pour tester des produits à haut débit contre des virus pathogènes. En février 2020, au début de la pandémie, il nous a demandé si nous pouvions tester 18.000 molécules de médicaments existants contre le coronavirus. En tout, il nous a donné près d’un million d’euros."

A l’institut Rega de la KULeuven la fondation a ouvert des portes

Il nous raconte qu’il a des contacts, chaque semaine, avec des représentants de la fondation, et aussi une réunion hebdomadaire avec ses experts ; "Bien sûr nous devons présenter des résultats mais nous restons libres d’en faire ce que nous voulons", et de poursuivre : "C’est intéressant de travailler avec eux, car la fondation nous permet d’ouvrir des portes. C’est une organisation très professionnelle qui a des contacts avec le monde entier. Ce qui facilite par exemple la mise en place d’études cliniques."

Si nous n’avions pas eu ce financement, nous n’aurions pas pu mener cette étude.

Aujourd’hui, l’équipe a repéré quelques combinaisons de médicaments actifs contre le coronavirus chez des hamsters. Nous devons les tester et trouver celle qui aura la meilleure protection contre le Covid. Cela demande beaucoup de travail. Johan Neyts l’affirme : "Si nous n’avions pas eu ce financement, nous n’aurions pas pu mener cette étude. Il faut des équipes de spécialistes qui se relayent jour et nuit, y compris le dimanche. Cela coûte cher !"

Le divorce de Bill et Mélinda Gates ? Le virologue pense que cela n’aura pas d’impact. La recherche avance, de premiers médicaments semblent donner des résultats chez certains patients. On pourrait bien avoir une combinaison de médicaments efficaces sur le marché pour fin de l’année.

D’autres centres de recherches universitaires ont aussi reçu des dons comme l’institut de médecine tropicale d’Anvers pour des recherches sur la maladie du sommeil et les maladies tropicales négligées, Les universités de Gand, d’Anvers, ou encore l’ULB. Mais la fondation a aussi des partenariats avec des entreprises pharmaceutiques comme Janssen Pharmaceutica ou Univercells pour la mise au point d’une micro-usine qui pourra fabriquer dans des pays défavorisés, des millions de doses par an à moindre prix contre la polio.

Produire ces vaccins spécifiquement destinés à ces pays en voie de développement, ne serait pas rentable sans partenaire. Les prix ne sont pas les mêmes pour ces pays à faibles revenus. On ne ferait pas l’investissement.

Chez GSK (Glaxo SmithKline), Elisabeth Van Damme la porte-parole nous explique : "Nous travaillons en collaboration entre autres, avec la fondation Melinda et Bill Gates, pour la production des vaccins du futur mais aussi pour les actuels pour leur assurer un accès mondial. Sans ce partenariat nous ne pourrions pas mettre à disposition de tous, par exemple, les vaccins polio, HPV (contre le papillomavirus) ou contre le pneumocoque. Mais par exemple, pour développer un vaccin contre la tuberculose qui fait des millions de morts chaque année, nous avons aussi besoin de la fondation."

Et d’avouer que : "Produire ces vaccins spécifiquement destinés à ces pays en voie de développement, ne serait pas rentable sans partenaire. Les prix ne sont pas les mêmes pour ces pays à faibles revenus. On ne ferait pas l’investissement."

Le vaccin contre la Malaria a coûté 1 milliard dont de l’argent de la fondation

Chaque partenaire a ses engagements, et doit les tenir. La porte-parole du géant de la pharmacie nous donne un exemple : " En 2010, nous avons eu un accord d’approvisionnement pour des millions de vaccins contre le pneumocoque, on a dû investir dans une usine complémentaire pour remplir le contrat. Pour le vaccin contre la malaria, nos scientifiques ont travaillé pendant 30 ans au développement de ce vaccin, qui était le tout premier contre un parasite. C’est grâce au partenariat avec la fondation Gates."

Combien ? Difficile à dire selon Élisabeth Van Damme, le financement de la recherche pour le vaccin contre la malaria a coûté 1 milliard d’euros dont de l’argent de la fondation. Le vaccin a reçu le feu vert de l’agence européenne du médicament en 2015, il est testé pour le moment dans un projet -pilote de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) dans trois pays d’Afrique.

 

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