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La formation en alternance pour les jeunes, encore trop souvent dévalorisée

© Fe-Bi

Par RTBF La Première via

Le non-marchand n’a pas forcément bonne presse. Pourtant, ce sont des secteurs tournés vers l’humain, des soins à l’associatif, des secteurs qui ont du sens et qui ont montré ces derniers mois à quel point ils étaient essentiels. Cette année encore, les formations en alternance de ce secteur pourraient être une véritable occasion pour les jeunes.

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Qu’entend-on par formation en alternance ?

Les formations en alternance, au niveau de l’enseignement secondaire, existent depuis bien longtemps. Les écoles techniques et professionnelles peuvent organiser, à partir du 2e degré et surtout au 3e degré, certaines sections ou certaines filières complètes en alternance. Le CEFA, Centre d’Education et de Formation en Alternance, prévoit ainsi que, tout au long de l’année scolaire, chaque semaine sera organisée en deux temps : le temps de l’école, à raison de 15h de cours, soit 2 jours, et le temps de l’entreprise, à raison de 3 jours.

L’un des deux jours à l’école est consacré à la formation générale et citoyenne : français, mathématiques, sciences, histoire, géographie, éducation économique, et l’autre jour est consacré au métier et au savoir théorique qui y est lié.

Projet 'Jeunes en formation en alternance'

Une filière encore soumise aux clichés, aux préjugés

La vision de ces formations a un peu évolué même si la filière manque encore de visibilité, regrette Patricia Mawet, responsable de sections au CEFA de la Ville de Bruxelles.

"Je pense que ce qui est regrettable, c’est peut-être qu’au niveau des personnes qui s’occupent de l’information auprès des jeunes, de l’orientation, on ne parle pas d’emblée de cette filière-là. On en parle parfois encore un peu trop quand il y a un problème à l’école, alors que ce sont des filières tout à fait exigeantes, avec des semaines bien remplies, bien complètes."

Patricia Mawet rappelle que dans le dispositif de l’alternance, on peut obtenir les mêmes diplômes, à l’issue d’une 6e ou d’une 7e année : un certificat de qualification par rapport à un métier, ou bien un CESS, un certificat d’enseignement secondaire supérieur. Même si en général, la majorité des jeunes vont travailler à l’issue de leur formation, ce diplôme leur permet de faire des études supérieures s’ils le souhaitent.

On sait que les études supérieures ne sont pas une injonction, mais on observe que les filières techniques, les métiers sont encore dévalorisés, "alors qu’on parle de transition écologique, de relance économique, il faudra bien trouver de la main d’oeuvre formée pour tout cela et on risque de devoir aller la trouver à l’étranger. "

Quels métiers peut-on y apprendre ?

La formation en alternance concerne de nombreux secteurs, dont de nombreux métiers en pénurie :

  • des métiers techniques : électriciens, chauffagistes, mécaniciens, carrossiers,…
  • des jardiniers, des coiffeurs…
  • des assistants administratifs et d’accueil, des aides-soignants, de la maintenance technique (électriciens, chauffagistes en milieu hospitalier), des aides logistiques, des agents d’éducation, des cuisiniers, dans le cadre de la collaboration avec le FEBI, qui concerne le secteur du non-marchand.

Le FEBI, une filière indispensable à l’emploi

Le FEBI est une asbl tournée vers le non-marchand, explique Souhade El Mehdaoui, responsable projets FEBI. C’est l’association des fonds sociaux du secteur non-marchand fédéraux et bi-communautaires. Elle regroupe des fonds Maribel pour la création d’emplois dans le secteur du non-marchand et des fonds de formation pour former des professionnels du secteur non-marchand et initier des projets fournisseurs d’emplois.

Par exemple, le projet 'Devenir infirmier', 'Devenir aide-soignant', ou le projet 'Choisis les soins', qui donne la possibilité de changer de carrière et de rejoindre le secteur des soins. Ou encore 'Intégrasoins' qui intègre des réfugiés reconnus et des primo-arrivants dans le secteur des soins.

Dans le cadre du projet 'Jeunes en formation en alternance', ces fonds incitent les entreprises et les institutions à accueillir des jeunes qui sont en formation en alternance. Des jeunes, entre 15 et 25 ans, qui ont besoin d’acquérir de l’expérience.

Le FEBI prend en charge pour le jeune les frais de salaire à temps partiel (20h par semaine) + une prime d’accompagnement plafonnée à 1500€. Pour les maisons de repos, un autre fonctionnement est appliqué : elles engagent et paient le jeune dans un contrat d’alternance, mais reçoivent une prime d’accompagnement de 1500€. Le jeune en niveau supérieur reçoit également un 'coup de pouce' financier.

C’est une filière indispensable pour pallier le problème de l’emploi, c’est la raison pour laquelle les Régions y apportent leur soutien.

"Le message n’est pas de dire qu’avec tous ces merveilleux incitants, on vous incite à prendre de la main d’oeuvre gratuite. C’est : on vous accompagne dans cet investissement, dans ce pari pour l’avenir de former vos collègues de demain. Grâce à cela, vous avez à la fois le support du FEBI et celui des Régions."

La transmission en entreprise

Le dispositif est formidable pour se former, pour se qualifier valablement pour un métier mais l’une des conditions essentielles est d’être intégré dans une bonne entreprise. Le FEBI veille à ce que les jeunes bénéficient d’un bon encadrement, où l’école est valorisée, en bonne entente avec les employeurs. Le CEFA a ainsi un portefeuille d’entreprises qui s’engagent pour ces formations en alternance, souligne Patricia Mawet.

Le tutorat est essentiel. Au sein de l’entreprise, une personne est la référence pour encadrer le jeune, le faire évoluer, lui permettre d’acquérir de l’autonomie, de l’expérience. La notion de transmission est importante. Des formations en tutorat sont par ailleurs régulièrement proposées gratuitement aux institutions par le FEBI.

Le jeune en entreprise, un nouveau souffle

Ces secteurs ont véritablement besoin de cette main d’oeuvre, qui apporte un nouveau souffle. Le jeune constituera rapidement lui-même une force de travail non négligeable. Le turnover n’est pas spécialement rapide : un jeune qui fait une formation d’aide-soignant (la 7e) devra commencer par faire deux ans de formation d’aide familial (en 5e et 6e), ce qui lui fera souvent 3 ans au sein de la même institution.

Certains jeunes ont envie et besoin d’évoluer, soit en changeant d’entreprise s’ils en ont fait le tour, soit en changeant de tâches au sein de la même entreprise.

La finalité pour les jeunes, c’est surtout l’emploi par la suite, c’est de pouvoir y rester. Sinon, d’autres dispositifs sont prévus.

La pertinence de la filière pour les jeunes

Il faut être bien conscient que la formation en alternance demande une certaine maturité de la part du jeune. Les semaines sont bien remplies, avec les 2 jours à l’école et les 3 jours en entreprise, et la nécessité de s’adapter à deux rythmes bien différents. Les jeunes qui choisissent l’alternance doivent savoir qu’ils auront moins de vacances, moins de mercredis après-midi libres ou de congés scolaires, rappelle Patricia Mawet. C’est pour cela qu’il faut que ce soit véritablement un choix de vie du jeune et pas quelque chose d’imposé.

Les jeunes apprécient, dans cette filière, le fait d’être en situation professionnelle réelle, sur le terrain, dans des situations assez variées, ce qui est très formateur.

Le dispositif assure aussi un meilleur ancrage par rapport à l’école. Les apprentissages prennent plus de sens, les jeunes font plus de liens. Dans les projets avec le FEBI, en particulier, le jeune travaille dans les soins de santé, dans le social, avec l’humain, ce qui renforce le sentiment d’utilité et l’estime de soi.


Comme le CEFA, l’IFAPME, le SFPME assurent aussi des formations en alternance.
Plus d’infos ici sur les formations en alternance.
Pour poser vos questions au FEBI : alternance@fe-bi.org


 

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