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La fracture entre Viktor Orban et l’Union européenne s’élargit

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Il y a eu des étincelles lors du sommet européen hier soir. Un débat tendu entre la Hongrie et plusieurs Etats membres qui reprochent au Premier ministre Viktor Orban de bafouer les valeurs fondamentales de l’Union européenne.

Ce devait être un sommet relativement tranquille, dans la plus pure tradition européenne, les décisions importantes sur les sujets qui fâchent avaient été soigneusement renvoyées à plus tard, et patatras voilà la Hongrie qui vient semer le brin avec sa loi qui fait l’amalgame entre homosexualité et pédophilie. Ce texte est une honte avait déclaré Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne. Une mauvaise loi pour la chancelière allemande Angela Merkel. Et pendant le sommet, le ton est monté d’un cran. Le Premier ministre suédois Stefan Löfven a prévenu que ses concitoyens n’enverraient pas d’argent à un pays qui agissait de la sorte. Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte lui a carrément proposé à Viktor Orban de quitter l’Union européenne si ses valeurs ne lui convenaient pas… Un peu comme les Britanniques l’avait fait il y a 5 ans… Bref la Hongrie s’est retrouvée sous pression.

Pourtant Viktor Orban a l’habitude de passer entre les gouttes et cette fois il n’a rien vu venir ?

C’est vrai, Viktor Orban provoque régulièrement l’Union européenne. Que ce soit sur les migrants, sur la liberté d’expression, sur l’indépendance de la justice. A chaque fois il s’en sort sans égratignure. Il y a bien une procédure contre le risque de violation de l’état de droit qui a été lancée contre la Hongrie en 2018, mais elle végète dans les couloirs du Conseil et ne débouchera sur rien. Mais cette fois-ci c’est différent. Il n’a visiblement pas mesuré l’ampleur du tir de barrage qu’il allait affronter. Sans doute parce que depuis qu’il a rompu avec le PPE, la famille politique de centre droite, il s’est coupé d’importants relais au sein du Conseil. Il est en roue libre

Il va faire machine arrière ?

Pas évident, on est monté haut dans les tours. Faire machine arrière ce serait perdre la face. Il n’en est pas question. D’autant qu’il a une échéance électorale devant lui et que pour une fois l’opposition avance unie. Viktor Orban, le défenseur des valeurs traditionnelles conservatrices face à une Europe libérale ne va pas dévier de sa ligne.
D’autant plus qu’il n’est pas tout seul à la défendre cette ligne. On l’a encore vu lors du sommet hier soir. Ses alliés traditionnels, Polonais, Slovènes le soutiennent mordicus mais il peut aussi compter sur le soutien plus distant mais bien réel d’autres forces politiques en Europe. Des soutiens que Viktor Orban aimerait bien rassembler et même faire prospérer au sein d’une nouvelle boutique conservatrice et nationaliste. D’ailleurs mercredi soir il dînait avec Girogia Meloni, la dirigeante du parti d’extrême droite italien Fratelli d’Italia qui pourrait un jour jouer les premiers rôles en Italie. Une autre raison pour laquelle il ne fera pas marche arrière.

 

Est-ce que l’Union va résister à cette nouvelle fracture ?

 

Pas de marche arrière, ça veut dire que la confrontation qui a eu lieu lors du sommet hier soir va se poursuivre. En tout cas les partisans d’une Europe ouverte et libérale ont mis le temps pour réagir. Mais cette fois ils l’ont fait. Dans la colère, ce qui ne va pas régler le problème Orban dans l’immédiat mais ce débat aura servi d’électrochoc. Une prise de conscience qu’un clash culturel profond s’est installé petit à petit dans l’Union et qui vient la lézarder jusqu’au socle de ses valeurs, ça, c’est pour le verre à moitié vide. Le verre à moitié plein c’est qu’au final hier soir, 24 dirigeants européens sur 27 se sont rangés du côté de ceux qui défendent la liberté de vivre et d’aimer comme bon nous semble.


 

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