Au cours de la journée, l’action du Crédit suisse a perdu jusqu’à 30% pour toucher un nouveau plancher historique à 1,55 francs suisses. La banque est dans la tourmente depuis plusieurs mois. Son patron, Axel Lehman ne parvient plus à rassurer les marchés. Il ne peut même plus compter sur le premier actionnaire de la banque suisse, la Saudi National Bank, qui ne compte plus investir dans la banque.
Les problèmes de Crédit suisse ont commencé dans ses activités de " banque d’investissement ". "Crédit suisse a fait, malheureusement, des placements qui se sont avérés mauvais, notamment au niveau des hedge funds, en particulier le fond Archegos qui a fait une faillite retentissante", explique Georges Hübner, professeur de finances à HEC Liège. Crédit Suisse "s’est pris une ardoise de 5.5 milliards de dollars, ce qui est assez important", rappelle Georges Hübner.
Cette faillite a eu un impact sur les investisseurs, mais aussi sur les clients. "Dans leur activité gestion de patrimoine, Crédit Suisse a vu pas mal de ses clients déserter par manque de confiance", explique Georges Hübner. Et la banque de voir ses pertes opérationnelles se creuser. "Les coûts étaient restés, alors que les revenus ne suivaient pas", poursuit le professeur de finances.
Alors que 2022 a été une plutôt bonne année pour le secteur bancaire, cela n’a pas été le cas pour Crédit Suisse. "Ils ont fait une perte de 7 milliards de francs suisses sur l’année 2022",
Cette perte était connue depuis environ un mois. La chute de Crédit Suisse s’est à présent accélérée pour plusieurs raisons. D’abord parce que le premier actionnaire, la Saudi National Bank, ne veut plus remettre de l’argent dans le pot. Ensuite après la publication du rapport annuel où le Crédit Suisse mentionnait avoir identifié des déficiences en matière de contrôle interne. Ce contrôle interne est nécessaire pour garantir la fiabilité des informations communiquées aux investisseurs et qui ont trait à la santé de la banque, "des mentions qu’on n’a pas l’habitude de lire", relève Georges Hübner, et qui ont inquiété les marchés boursiers.
Ces informations, alors que les marchés boursiers sont déjà sur le qui-vive après la faillite de deux banques aux Etats-Unis, ont jeté un froid. "Ce flou auquel s’ajoute le refus de son principal actionnaire de continuer à aider la banque a fait en sorte que le focus a été mis sur Crédit Suisse et a entraîné tout le secteur bancaire européen au niveau boursier dans son sillage", analyse Georges Hübner.