La Grande Dérive, une nouvelle randonnée de 54 kilomètres autour de Charleroi

Fasciné depuis toujours par le vacarme des usines, Francis évoque avec beaucoup d’affection son lien au passé industriel de la ville. "Notre décor, c’était les tramways, l’industrie avec le raffut des machines, les sonneries qui rythmaient les pauses des ouvriers, la fumée qui s’élevait au sommet des cheminées. Notre environnement n’était pas bucolique et était même plutôt bruyant mais ce n’était pas désagréable", précise‐t-il.

En 2016, le couple d'anciens punks présente la Boucle Noire. Leur randonnée de 22 kilomètres connaît un succès fulgurant auprès des Carolos. Mais pas que… Il n’est pas rare de croiser le long des usines fumantes de Marchienne-au-Pont et sur les sentiers escarpés du terril du Martinet de nombreux Bruxellois et Parisiens qui s’émerveillent devant les paysages d’une ville industrielle en pleine mutation.

Avec La Grande Dérive, le couple veut aller plus loin. "Cette nouvelle randonnée de 54 kilomètres est née d’explorations qui ont donné lieu à des marches exploratoires, en collaboration avec l’Eden, le Centre culturel de Charleroi. Chaque week-end, pendant et après le confinement, une centaine de personnes découvraient de nouveaux paysages. On avait donc envie d’apporter autre chose et c’est la Grande Dérive", explique Micheline.

La Grande Dérive est le sentier de grande randonnée GRP1666. C’est un clin d’œil à l’année de naissance de Charleroi comme forteresse militaire.

La randonnée est divisée en quatre étapes, à chaque fois accessibles en transport en commun depuis le centre de Charleroi, une volonté des créateurs. Des tronçons et des paysages tous très différents les uns des autres. Sur quelques kilomètres, on peut passer par un coron vieux du 19e siècle, longer une ancienne conduite de gaz, marcher le long d’une rivière, découvrir un ancien charbonnage et arriver au cœur d’une réserve naturelle.

"Chacun peut choisir son tronçon en fonction de ce qu’il préfère", précise Micheline. "On peut monter sur un terril, voir de grands paysages, se retrouver dans des endroits plus urbanisés, voir les avions de près aussi, près de l’aéroport. L’idée, c’est de découvrir ou redécouvrir le passé et le présent de Charleroi."

L’Eden, le Centre culturel carolo soutient l’initiative de Micheline et Francis. La randonnée urbaine est désormais considérée comme une pratique culturelle. "L’idée, c’est bien sûr de marcher mais aussi de prendre le temps de regarder ce qui nous entoure, d’avoir de temps en temps des explications et surtout de faire des haltes dans des endroits où il y a des projets citoyens ou économiques, mais qui sont vraiment ancrés dans le territoire", explique Manon Istasse, anthropologue et coordinatrice de la Grande Dérive à l’Eden.

Si au siècle dernier, on marchait surtout pour aller d’un point A à un point B, la pratique a évolué. "Avant, on marchait pour aller au travail ou faire ses courses. C’était surtout des déplacements utilitaires", ajoute Manon Istasse. "Aujourd’hui, on est davantage dans une démarche de loisir qui permet de redécouvrir l’endroit où on vit."

Pour retrouver la Grande Dérive, rendez-vous sur le site www.cheminsdesterrils.be. Les cartes sont aussi disponibles à la Maison du tourisme de Charleroi et au centre culturel l'Eden. Une randonnée urbaine à découvrir et à partager sans tarder.

Au-delà des bienfaits pour la santé, arpenter sa ville à pieds permet aussi de réaliser que l’aventure et l’évasion sont souvent bien plus proches que ce qu’on imagine.