Océan Indien : d’éventuelles fuites affecteraient l’écosystème local
L’oléoduc débouchera sur l’océan indien. Là, le pétrole sera stocké dans la région de Tanga, en bord de mer. Quatre réservoirs de 20 mètres de haut et 80 mètres de diamètre, vont être installés. Le pétrole sera déversé dans ces bacs le temps que les tankers s’amarrent et l’emportent.
Et pour éviter que ces pétroliers de plus de 300 mètres de long ne s’approchent trop près de la côte, une jetée de deux kilomètres sera construite à proximité du parc marin de Coelacanthe, une zone marine protégée, parsemée de mangroves. D’éventuelles fuites affecteraient l’écosystème local, la vie des poissons et des microorganismes, craignent les ONG. Sans compter que la construction de la jetée va aussi endommager les récifs coralliens.
Les travaux ont déjà commencé. Là encore, TotalEnergies assure que toutes les précautions ont été prises.
Expropriations, relogement
Ce mégaprojet utilise des terres sur lesquelles les populations vivent et cultivent. Selon les ONG, plus de 100.000 personnes sont concernées, certaines parce qu’elles perdent un bout de terrain, d'autres parce qu’elles doivent être relogées. TotalEnergies prévoit de reloger certaines familles dans des maisons en dur en cas de destruction de l’habitation principale, ou une indemnisation financière.
Une situation parfois vécue douloureusement, selon les ONG. Certaines familles déplorent des retards dans le paiement des compensations. Les compensations sont souvent jugées trop faibles, notamment compte tenu de l’envolée des prix du foncier dans la région depuis l’annonce du projet.
Stella Afoyocan est agricultrice. Comme pour d’autres, l’expropriation de ses terres dans le cadre du projet Tilenga a été compensée : "J'avais une acre de manioc sur cette terre (52 ares, ndlr). Comme j'avais une acre, on m'a donné environ 10 millions de shillings ougandais (2686 USD). C'est tout ce que j'ai obtenu de cette terre, puis nous avons reçu des tiges de manioc".
TotalEnergies affirme que le groupe se conforme à des barèmes transparents. "La grande majorité des personnes affectées par le projet ont accepté la compensation en espèces. Ce qui signifie que la compensation en espèces était bonne, sinon ils auraient pris en nature", affirme Philippe Groueix.
Cela fait réagir le Directeur général de L'Africa Institute for Energy Governance (AFIEGO), Dickens Kamugisha : "Si Total se donnait la peine d'inviter à une conférence tous ceux qui ont été payés pour présenter leurs problèmes, je peux vous assurer qu'il découvrirait que ces paiements sont dus à la peur qu'éprouvent les communautés"…