Dans son rapport, la Ligue des droits humains s’en prend aussi aux ventes d’armes wallonnes et revient sur la saga des ventes d’armes wallonnes à l’Arabie saoudite. "Les gouvernements wallons successifs sont passés maîtres dans l’art d’accorder de nouvelles licences d’exportation après les annulations successives par le Conseil d’État, aidés il est vrai par un système de délivrance opaque et un contrôle parlementaire déficient", écrit Pierre-Arnaud Perrouty, épinglant au passage le problème du manque de contrôle de l’exécutif par le législatif.
Autre dossier problématique selon la Ligue des droits humains, celui de Nizar Trabelsi, condamné en Belgique pour terrorisme avant d’être extradé aux États-Unis. "Le gouvernement s’est assis sur pas moins de cinq décisions de justice, ce qui a valu à la Belgique une cinglante condamnation par la Cour européenne des droits de l’homme", rappelle Pierre-Arnaud Perrouty.
Le manque de contrôle de l’exécutif par le législatif est aussi constaté par la Ligue des droits humains dans le dossier de l’Autorité de protection des données. "Il aura fallu la dénonciation de deux directrices lanceuses d’alerte et une mise en demeure de la Commission européenne pour faire bouger le Parlement", note la Ligue qui relativise toutefois la réponse du Parlement.
La Ligue critique aussi le contrôle externe des forces de police, opéré par le Comité P sous l’autorité du Parlement. Il "reste largement inopérant", note Pierre-Arnaud Perrouty. "Les témoignages de violences, notamment racistes, restent nombreux et les victimes peinent à obtenir réparation", ajoute-t-il.
Enfin, Pierre-Arnaud Perrouty s’inquiète aussi de la pression actuelle sur les droits économiques, sociaux et culturels, en raison de la crise énergétique. "Alors que les coûts de l’énergie explosent, il faut affirmer l’énergie comme un droit fondamental : il revient aux gouvernements de garantir une fourniture à un coût supportable pour l’ensemble de la population", plaide le directeur de la Ligue des droits humains.
La Ligue s’inquiète aussi de la situation dans les prisons belges qui "ne s’améliore guère". A ce titre, la nouvelle prison de Haren "ne remplit pas ses promesses et confirme les craintes que la sécurisation technologique ne rend pas ces lieux plus humains", note la Ligue.
Le rapport annuel de la Ligue des droits humains constate cependant des avancées sociales en 2022. C’est le cas de la réforme du cadre légal de la prostitution : "la Belgique quitte le registre moral et répressif pour entrer dans une logique de droits, avec un volet important sur les droits sociaux", constate la Ligue des droits humains.