Perroquets gris du Gabon, grenouilles taureaux, boas mais aussi ivoire, écailles de pangolin et viande de brousse : chaque année, des dizaines de milliers de kilos d'espèces sauvages entrent et ressortent de France illégalement, alimentant un trafic mondial estimé par Interpol à plusieurs milliards de dollars par an.
La France, avec ses 12 territoires ultra-marins présents dans cinq "hotspots" de la biodiversité, est un pivot du trafic d'espèces sauvages, considéré comme "la troisième activité de criminalité transnationale organisée la plus lucrative au monde".
Selon la Plateforme intergouvernementale scientifique sur la biodiversité (IPBES), ce trafic contribue à la disparition d'espèces sauvages.
Rien qu'en 2021, "36 tonnes de produits illégaux issus d'espèces sauvages ont été saisies dans le Terminal 2 de l'aéroport Roissy Charles de Gaulle", où arrivent les vols d'Afrique, selon l'UICN, dont une dizaine de tonnes de viande de brousse (pangolin, primates, chauves-souris, agoutis…).
Mais l'Hexagone est également un pays "source". L'explosion du braconnage de la civelle, l'alevin de l'anguille, interdite d'exportation hors de l'UE depuis 2009, en est un bon exemple. Pêché sur la façade atlantique, ce poisson migrateur menacé d'extinction est ensuite exporté vers l'Asie, en Chine et en Thaïlande principalement. En 2021, un réseau de trafiquants, suspecté d'avoir exporté plus de 46 tonnes de civelles et blanchi au passage 18,5 millions d'euros, a été démantelé en France.
La chardonneret élégant, prisé pour son chant mélodieux et dont la population française a chuté de 50% en vingt ans, fait lui aussi l'objet d'un trafic qui l'emmène aussi bien au Maghreb qu'en Belgique.