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La médecine fonctionnelle, un retour aux besoins basiques du corps

Pleine santé, un guide pour découvrir la médecine fonctionnelle et nutritionnelle

© Getty Images

La médecine fonctionnelle et nutritionnelle amène une approche différente et complémentaire à la médecine traditionnelle. Il s’agit de 'prévenir et guérir' plutôt que de 'soulager et soigner'. Explications avec le docteur Stéphane Résimont.


Stéphane Résimont et Alain Andreu sont les auteurs de Pleine santé- Vitalité, immunité, anti-âge, anti-kilos, éd. Résurgence.


 

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Un retour aux bases de la médecine

La médecine fonctionnelle et nutritionnelle, c’est une médecine qui reprend les diverses pathologies des patients pour essayer de régler leurs causes plutôt que leurs symptômes.

Pour Stéphane Résimont, médecin et chirurgien, on néglige beaucoup la base, qui est la bonne nutrition, la bonne alimentation, qui est le bon moment pour manger. Il est par exemple hyper capital de manger protéiné le matin, explique-t-il. "Ce n’est pas avec une viennoiserie, une tartine au choco, un bol de céréales qu’on démarre une journée, sinon on la démarre en mode low. Les protéines du matin donnent une molécule appelée la noradrénaline cérébrale, ainsi que la dopamine, qui donne l’énergie, la joie de vivre, l’envie d’entreprendre, d’avancer…"

La médecine fonctionnelle retourne à la physiologie de base, aux réactions chimiques du corps, aux besoins basiques du corps, qu’il faut nourrir au bon moment de la journée.

La prise de conscience par rapport à l’alimentation est heureusement en train de se faire chez les patients, observe le docteur Résimont. Ils ont déjà appris qu’il faut prendre tous les jours de la vitamine D, du magnésium, du zinc, et qu’il faut manger correctement. "En ce qui concerne l’immunité, beaucoup ont enfin compris et ils le font même spontanément, sans passer par le médecin traitant."

Il faut savoir que nous sommes, en Europe, 80 à 90% à être carencés en zinc, en termes de taux fonctionnel. Le zinc est important pour le goût, l’odorat, mais aussi pour les défenses immunitaires, pour la synthèse de certaines hormones comme la testostérone ou l’hormone de croissance, pour la cicatrisation, pour une bonne libido, etc…

Une révolution alimentaire ?

Un bon petit-déjeuner doit donc être constitué de protéines animales ou végétales, en fonction de ses goûts ou de ses convictions philosophiques.

"Ce n’est pas une révolution parce que l’être humain est fait pour manger comme ça. Il est fait pour manger lourd, gras, protéiné le matin. Et c’est l’évolution de la société, le travail qui ont réduit le petit-déjeuner à du sucre, du gluten, ou rien du tout, un café."

Stéphane Résimont constate que les patients qui mangent mal le matin ont des problèmes psychiques, de dépression, de troubles du sommeil, de manque d’énergie, moins de joie de vivre, de mémoire, de concentration, de motivation. "C’est typiquement le gosse qu’on nourrit le matin avec une tartine au choco, des Kellogg’s ou un bol d’avoine."

D’autres cultures ont mieux compris cette problématique ; en Asie, il est par exemple tout à fait normal de manger, le matin, du poisson, de la viande, un repas lourd. Les Asiatiques qui commencent à manger à l’occidentale développent rapidement du surpoids, de l’hypercholestérolémie, du diabète, des cancers… et les générations qui suivent également.

Que penser du jeûne intermittent ?

Le fait de laisser l’intestin au repos au moins une douzaine d’heures par jour est une excellente façon de se prendre en charge, assure le docteur Résimont. Dans le cas de surpoids, cela fonctionne très bien.

"Mais dans ce jeûne intermittent, il faut supprimer le repas du soir, parce que c’est le repas du matin qui nourrit le cerveau. Le sucre, les féculents du soir… on mange des patates, du riz blanc, le soir, on va dormir après, et on le transforme très rapidement, dans les heures qui suivent, en grammes. Si quelqu’un a un problème de surpoids, le fait de manger des féculents le soir ne va pas arranger son problème."

L’intestin, notre deuxième cerveau

80 à 90% des patients arrivant en consultation, quel que soit le problème, surpoids, perte de cheveux, burn out, déprime, insomnie… ont un problème de mauvaise flore intestinale, a constaté Stéphane Résimont. Leur flore intestinale est pathologique. Elle souffre d’un déséquilibre entre certaines bactéries, de la prolifération de certains champignons, comme le candida albicans. Cela se manifeste très souvent par des plaintes comme des crampes, ballonnements, diarrhée, constipation, reflux acide.

"Malheureusement, la plupart des collègues traitent cela de côlon irritable, côlon spastique. Ils disent : c’est le stress, calmez-vous et voilà un petit somnifère, un petit sédatif, ça ira mieux. Et c’est un scandale. […]

"Car si la flore intestinale est pathologique, c’est dû au gluten moderne, à l’avoine, aux produits laitiers, aux faux sucres, au mode de mastication, parce qu’on mange trop vite, à certaines intolérances alimentaires. Dès qu’on corrige l’intestin, la personne va déjà à 60-80% mieux !"

La sérotonine, la molécule anti-dépresseur, est synthétisée à plus de 80% dans l’intestin ; la dopamine, la molécule de la joie de vivre, mémoire, concentration, à 60%. Donc si l’intestin ne va pas, le cerveau ne va pas !

Le neurotransmetteur gaba, qui fait qu’on est relax, qu’on dort bien, qu’on ne rumine pas la nuit, provient en grande partie de l’intestin également. Or, beaucoup de patients sont mis sous somnifères ou anxiolytiques, simplement parce que leur intestin est malade !

Comment veiller sur son intestin ?

Il faut d’abord lui donner ce dont il a besoin comme bonne nourriture et supprimer certains aliments toxiques. Il ne s’agit pas de se priver, mais de manger les bonnes choses.

Il faut veiller à consommer des aliments 'vivants', car beaucoup d’aliments ne contiennent plus de molécules intéressantes. Manger des fibres en quantité raisonnable, des aliments qui ne sont pas pro-inflammatoires (le sucre étant l’aliment le plus inflammatoire) et éviter les toxiques comme le gluten moderne, les produits laitiers. Avec l’âge, on perd aussi certaines enzymes et on peut devenir intolérant à l’oignon, à la salade verte.

On peut aussi modifier la flore intestinale par diverses techniques, par la phytothérapie, l’argent colloïdal, même avec des antibiotiques. Ou encore par la génétique des bactéries intestinales, la greffe fécale…

La thyroïde, le chef d’orchestre du corps

La thyroïde agit sur tous les organes, le cerveau, l’intestin, les gonades, les surrénales,… Quand elle ne va pas, il n’y a rien qui va. Elle permet la rapidité : sur la réflexion, la mémoire, sur les hormones sexuelles ; les calories brûlent vite, l’estomac se vide vite,…

90% des patients du docteur Stéphane Résimont sont en hypothyroïdie. Comment la détecter ? Il faut poser des questions au patient pour en déceler les signes : frilosité, fatigue du matin, constipation, perte de cheveux,… La prise de sang ne fera que confirmer le diagnostic en fonction des réponses à ces questions.

Cette hypothyroïdie provient entre autres de nos multiples carences, parce que nos aliments ne sont plus ce qu’ils étaient avant : carence en sélénium, en iode, en zinc, en B12, en magnésium, etc…

Par ailleurs, la glande thyroïdienne ne reçoit plus suffisamment de la vitamine D et A dont elle a besoin pour fonctionner. On ne consomme plus l’huile de foie de morue que l’on recevait jadis à l’école et qui jouait ce rôle. Dans l’idéal, il nous faudrait 20 minutes d’exposition au soleil tous les jours, ce qui est irréalisable dans notre pays.

Si on résout ce problème d’alimentation et de thyroïde, on résout de 70 à 80% des pathologies. C’est vraiment la base de tout.

Ecoutez ici la suite de l’entretien avec le docteur Stéphane Résimont, à partir de 33'

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