Déjà auréolée depuis deux ans d’à peu près toutes les autres grandes récompenses médicales, l’Américano-Hongroise Katalin Kariko, longtemps une chercheuse marginalisée, obtiendrait le Graal pour son rôle de pionnière dans les vaccins à ARN messager. "Il y a non seulement le bénéfice direct que cela nous a apporté face à la pandémie, mais c’est aussi la première d’une série d’applications très prometteuses de cette technologie", souligne Ulrika Björksten, chef du service scientifique à la radio publique suédoise. En cas de prix pour les vaccins, elle pourrait être sacrée avec son acolyte américain Drew Weissman et le Canadien Pieter Cullis.
L’an dernier, le prix était allé à deux Américains, David Julius et Ardem Patapoutian, pour leurs découvertes sur le fonctionnement du toucher. Un prix lié à la physiologie qui laisse supposer un prix plus médical cette année, selon David Pendlebury. Ce responsable de l’organisation Clarivate tient une liste très suivie de plusieurs dizaines de nobélisables pour les prix scientifiques. Lui met une pièce sur Mme King et M. Slamon cette année, mais cite aussi le Hongkongais Yuk Ming Dennis Lo. Ce pionnier a mis au point un diagnostic prénatal non invasif, permettant de limiter le recours à l’amniosynthèse plus lourde.
Avec cette technique a ensuite émergé une série de biopsies dites "liquides". "Avec une simple prise de sang ou de plasma sanguin on peut détecter toutes sortes de possibles problèmes ou maladie", souligne M. Pendleblury.
Des chercheurs américains ou basés aux Etats-Unis, de sexe masculin, dominent encore largement les Nobel scientifiques ces dernières décennies, malgré les efforts des jurys pour sacrer davantage de femmes. Le millésime 2021 des Nobel n’avait pas dérogé à la règle, avec 12 lauréats et une seule lauréate. Tous les prix scientifiques étaient allés à des hommes.