La médecine ne se contente plus de soigner nos maladies déclarées, mais se fait prédictive ; elle sonde le mystère de notre santé future. Notre destin ne se révèle plus dans la parole d’un devin, l’alignement des planètes, le tirage des cartes ou les lignes de la main, mais dans nos gènes. La prédiction médicale est promesse d’immenses progrès. Mais quand la lecture de notre ADN aboutit à une prédiction de hauts risques de cancers que la science ne sait pas encore prévenir, comment vivre avec ce savoir ?
Savoir ou ne pas savoir ? c’est le titre du documentaire en deux volets proposé sur ce sujet délicat par Hélène Laurent.
Un oncogénéticien est un médecin spécialiste souvent en génétique, parfois en oncologie, qui s’occupe des patients avec des prédispositions génétiques au cancer. Si le contexte personnel suggère une cause héréditaire, des tests génétiques sont effectués pour envisager éventuellement une prise en charge adaptée à une anomalie génétique. On a besoin d’identifier ces cancers d’origine héréditaire, parce que la prise en charge à long terme du patient, puis de sa famille, en dépend, explique l’oncogénéticien Patrick Benusiglio.
Quand envisager une anomalie génétique ?
Ce qui met l’oncologue sur la piste d’une origine génétique éventuelle, c’est le jeune âge au diagnostic. Un cancer du sein diagnostiqué à 32 ans, c’est inhabituellement tôt, et c’est un argument pour une origine génétique.
La piste génétique est également envisagée lorsqu’il y a de lourds antécédents familiaux : si plusieurs femmes ont souffert d’un cancer du sein ou de l’ovaire, la suspicion d’une prédisposition génétique est éveillée.
Lorsque le patient malade reçoit ses résultats et découvre qu’il est atteint d’une mutation du gène BRCA1 et BRCA2, les proches sont invités à venir se faire tester. Ils viennent souvent à plusieurs, en fratrie par exemple. Mais certains ne viennent pas, parce qu’ils ne veulent pas savoir.
On teste ainsi des personnes jeunes et en bonne santé, qui présentent cette anomalie génétique mais n’ont aucune expression de la maladie. On est dans le cadre de la médecine prédictive et personnalisée.
La mutation des gènes BRCA1 et BRCA2 prédispose particulièrement à certaines formes de cancer du sein ou de l’ovaire, chez la femme. Et chez l’homme, au cancer de la prostate, et on voit arriver le risque d’augmentation du cancer du pancréas et de mélanome, explique la gynécologue et endocrinologue Nathalie Chabbert-Buffet.
5 à 10% des cancers du sein pourraient être d’origine génétique, un peu moins pour les cancers de l’ovaire.