Belgique

La ministre de la Défense à Jeudi en Prime : la Défense belge n’a pas de F-16 pour l’Ukraine

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Par Jean-François Noulet

La ministre de la Défense, Ludivine Dedonder (PS) était l’invitée de l’émission Jeudi en Prime, sur la Une.

Au menu de la discussion, l’envoi de B-Fast en Turquie après les tremblements de terre, l’aide apportée à l’Ukraine, le budget de la Défense et le plan d’engagement au sein de ce département.

La Belgique a-t-elle tardé à envoyer de l’aide à la Turquie ? Non, répond la ministre

L’équipe B-Fast envoyée par la Belgique en Turquie est entrée en action aujourd’hui, 11 jours après les tremblements de terre en Turquie et en Syrie. Est-ce un délai trop long ? Ce n’est en tout cas pas l’avis de la ministre de la Défense. "Dès l’annonce de ce terrible événement, la Belgique a propos son aide et proposé d’envoyer un hôpital de campagne, ce qui correspondait vraiment aux besoins des Turcs", explique Ludivine Dedonder.

Dès mercredi, soit deux jours après le séisme, une équipe de reconnaissance a été envoyée, "car déployer un hôpital de campagne, c’est une logistique importante, c’est plusieurs containers", explique la ministre. Le matériel a ensuite été envoyé pour installer l’hôpital qui est aujourd’hui opérationnel. "Aujourd’hui, nous sommes les premiers à avoir déployé un hôpital de campagne", souligne la ministre Dedonder qui fait remarquer qu’avant cela, la Belgique a envoyé d’autres types d’aide, comme des sacs de couchage et de l’aide humanitaire.

Par rapport au délai de 11 jours, "la Belgique n’a pas pris de temps", réagit la ministre.

Sur place, l’équipe de B-Fast, coordonnée par les Affaires étrangères, avec du personnel de la Défense et de la Santé publique, restera le temps qu’il faut, explique la ministre. "Elle travaille 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. Elle peut accueillir dans cet hôpital de campagne et accueillir des personnes pour passer la nuit", explique la ministre de la Défense. Si nécessaire, des rotations seront organisées pour relever le personnel de B-Fast en Turquie.

2% du PIB consacré à la Défense en 2035

Autre point discuté, le budget de la Défense. L’Otan met la pression sur ses Etats membres pour qu’ils consacrent 2% de leur PIB (Produit Intérieur Brut) à leur budget de Défense. La Belgique n’y est pas encore et cela prendra encore du temps. "Quand j’ai repris ce département, il y a deux ans et demi, j’ai découvert un département qui avait subi pendant des décennies des coupes budgétaires. On était à peine à 1% du PIB", précise Ludivine Dedonder qui explique avoir œuvré à la reconstruction de ce département. "On a prévu un plan avec un horizon de 1,54% à l’horizon 2030 et puis 2% en 2035", poursuit-elle.

"On est des gestionnaires de deniers publics aussi", réagit la ministre. "On doit investir dans des capacités duales", explique-t-elle, c’est-à-dire, "qui nous permettent à la fois d’être disponibles pour assurer la sécurité et de se déployer à l’étranger, mais aussi pour épauler notre population en cas de crise", poursuit-elle.

Ce plan est en cours de mise en œuvre, "pour apporter toute l’aide nécessaire à la nation", estime Ludivine Dedonder. "J’ai investi pour avoir un hub logistique, j’ai investi pour pouvoir avoir ces capacités duales, j’ai investi également dans du personnel qui peut être déployé en aide à la nation". Selon ce plan, en 2030, la Défense devrait être forte d’au moins 29.100 personnes dont 3800 civils. "On avait prévu de recruter 2500 militaires par an, plusieurs centaines de civils et plusieurs centaines de postes de réservistes", explique la ministre. 8000 candidats ont postulé la première année, plus de 6000 la deuxième et on en est à la troisième vague de recrutement. "C’est rassurant qu’il y ait des jeunes qui aient envie de servir la population et d’assurer la sécurité", souligne la ministre en précisant que ce n’est pas le salaire qui les attire. "Un jeune militaire à la fin de sa formation aura 1990 euros net. Un militaire qui entre comme officier à l’école royale militaire aura, après trois ans, comme bachelier plus de 2600 euros net, mais ça ne doit pas être ça l’objectif quand on entre à l’armée", explique la ministre.

Ludivine Dedonder confirme que le retour du service militaire obligatoire n’est pas à l’ordre du jour. Par contre, un service d’utilité collective, sur base volontaire, sera mis en place. "Il s’adressera à tout jeune, demandeur d’emploi, ou tout jeune qui bénéficie d’un revenu d’intégration", explique la ministre. Au programme, formation en tant que civil au sein de la Défense, formation avec des entreprises partenaires pour travailler ensuite au sein de la Défense ou dans ces entreprises.

 

L’aide à l’Ukraine : pas d’avions belges disponibles

Comment répondre à la demande d’aide à l’Ukraine ? Quels moyens la Belgique a-t-elle pour mener les missions de l’OTAN auxquelles elle participe ?

"On ne veut pas entrer en conflit direct avec la Russie et il n’y a pas de troupes de l’OTAN en Ukraine", rappelle la ministre de la Défense.

Ludivine Dedonder explique que la Belgique s’est déployée, et le fera encore en 2023, "pour assurer la dissuasion et la défense de nos territoires, en Lituanie, avec plus de 200 militaires, avec nos F-16 et également en Roumanie". Ce sont "plusieurs centaines de soldats qui vont être déployés dans ce cadre-là et nous avons également plusieurs centaines de militaires qui peuvent être envoyés dans un laps de temps court, si nous avons besoin de renforts", ajoute la ministre.

Va-t-on un jour livrer des F-16 belges à l’Ukraine ? "Aujourd’hui, nous n’avons pas un F-16 qui serait disponible", répond la ministre. Les avions sont engagés dans la protection de l’espace aérien du Benelux et de celui des Etats baltes, dans le cadre de la mission de l’OTAN.

La Belgique va-t-elle former des pilotes de chasse ukrainiens ? "On est là sur une demande qui se voit dans le temps, pour assurer à l’UKraine d’avoir une armée moderne qui puisse défendre son territoire", explique la ministre de la Défense. Elle explique aussi que les Ukrainiens ont demandé que des pilotes soient formés. "Là-dessus, il y a débat. Il doit y avoir une approche coordonnée entre les différents pays", poursuit Ludivine Dedonder. "En termes de formation, nous faisons déjà énormément de choses. Nous formons des militaires ukrainiens au déminage, nous les formons pour la composante médicale, pour l’appui au combat et la logistique. Au niveau du combat, il y a également des formations qui sont données", ajoute la ministre.

Jeudi en Prime

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