Deux astronautes américains vont s’envoler ce mercredi soir vers la station spatiale internationale (l’ISS), un premier vol habité avec une fusée privée développée par SpaceX, une de sociétés d’Elon Musk, le créateur de la Tesla. Pour les Etats-Unis, c’est un rêve qui devrait se réaliser.
Un événement historique pour les Américains
"C’est un événement historique !", s’exclame Pierre-Emmanuel Paulis de l’Eurospace Center de Redu. "C’est la première fois que des Américains vont repartir dans l’espace depuis le sol américain, neuf ans que ce n’est plus arrivé, en réalité, depuis le dernier vol de la navette spatiale Atlantis (qui clôturait 35 vols magnifiques) le 21 juillet 2011. Et ils repartent vers l’ISS depuis le centre spatial Kennedy en Floride avec une fusée de conception américaine."
La NASA s’allie au privé pour réaliser son rêve
Et de poursuivre : "C’est assez incroyable que la NASA confie ainsi ses propres astronautes professionnels à des sociétés privées pour les envoyer dans l’espace. Il s’agit, cette fois, de SpaceX, mais il y en a d’autres sur le pas de tir, comme Boeing avec sa Starliner ou Blue Origin. Ici, SpaceX a damé le pion à Boeing : la démonstration de sa Starliner a échoué à cause de graves problèmes informatiques, elle devra être refaite. La compétition commerciale fait rage. C’est ce qu’on appelle le 'New Space', le futur de l’espace. Il y a encore quelques années, personne n’aurait imaginé le spatial s’allier avec le privé, c’est une révolution."
Et rompre sa dépendance à la Russie pour les vols habités
Pour les Etats-Unis, c’est un retour à une certaine autonomie spatiale. Les navettes étaient des engins extrêmement complexes, qui ont assuré le transport de dizaines d’astronautes pendant trente ans.
Mais le coût exorbitant (près de 185 milliards d’euros) et deux explosions en vol ont finalement eu raison du programme.
En attendant, pendant neuf ans, seule la Russie, avec ses lanceurs Soyouz, a pu convoyer des astronautes américains, russes, européens, japonais ou canadiens vers l’ISS.
Voilà pourquoi, le président Trump a fait de cette reconquête stratégique, une priorité. Il a boosté le programme lancé par son prédécesseur, Barack Obama. Il a quasi doublé le budget de la NASA et lui a ordonné de retourner sur la Lune en 2024, un calendrier improbable mais cela a donné un coup de fouet, à la vieille agence spatiale.
Lancement mercredi soir depuis la Floride
Signe qu’il y croit, le président a déjà annoncé qu’il se rendra au Kennedy Space Center, en Floride pour assister au décollage, en dépit du confinement.
Si la météo le permet, ce mercredi vers 22h30 heure belge, une fusée Falcon9 dont le premier étage revient se poser à la verticale sur une barge dans l’Atlantique, surmontée de la capsule "Dragon Crew" et développée par les ingénieurs d’Elon Musk (grâce aussi aux trois milliards de contrats accordés par la NASA depuis 2011) emmènera donc les deux hommes. La mission est baptisée "Demo-2".
"Ces astronautes ne sont pas des nouveaux venus, le commandant Doug Hurley, était aux commandes de la dernière navette spatiale Atlantis, son collègue, Bob Behnken, est lui aussi aguerris aux voyages spatiaux", précise Pierre-Emmanuel Paulis. Dans une interview à la télévision américaine, les deux astronautes se disent ravis d’être les premiers à tester ce lanceur dernier cri.
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