Quel avenir pour la Politique Agricole Commune? La PAC, dont le budget raboté inquiète les agriculteurs... La PAC, dont l'application actuelle est incompatible, selon les défenseurs de l'environnement, avec les ambitions du "Green Deal", le pacte vert européen et son ambition zéro carbone à l'horizon 2050. Alors la PAC et le Green Deal sont-ils incompatibles? Pour tenter de répondre à cette vaste question, sur le plateau de CQFD: José Renard, secrétaire général de la FWA (Fédération Wallonne de l'Agriculture) et Faustine Bas-Defossez, responsable du programme Agriculture à l'IEEP (Institute for European Environmental Policy).
Avant son budget, il faut débattre du contenu de la PAC
De nombreux agriculteurs wallons ont manifesté ce jeud à Bruxelles, à l'ouverture du Sommet consacré au budget de l'Union Européenne pour les 7 prochaines années. Ils sont venus dire tout le mal qu'ils pensent des restrictions budgétaires qui pèsent sur la PAC, revenu principal de nombreuses exploitations. Représentée, la Fédération des Jeunes Agriculteurs réclame "un budget PAC fort pour assurer le renouvellement des générations en agriculture".
"Avant de parler de budget", réagit Faustine Bas-Defossez, "il faut voir si cette PAC répond aux objectifs environnementaux européens mais aussi aux défis socio-économiques auxquels le secteur agricole est confronté aujourd'hui. Et la PAC n'y répond pas. De nombreux experts s'accordent à dire qu'elle enrichit les plus riches au détriment des plus pauvres, qui souvent ont les pratiques environnementales les plus intéressantes. Les agriculteurs doivent investir toujours plus pour produire à des coûts toujours inférieurs. C'est tout sauf une politique sociale".
Et de pointer le système actuel d'attribution des aides européennes, qui se fait à l'hectare, favorisant de fait l'agrandissement des exploitations et les systèmes agricoles les plus industriels. A la clef, un bilan environnemental désastreux, explique la responsable du programme Agriculture à l'IEEP: "il faut revoir complètement notre système alimentaire qui n'est pas durable, l'agriculture intensive n'est pas tenable, avec la pollution des sols par les pesticides, etc. [...] Parler du budget de la PAC avant son contenu, ça sécurise les gros sous - 58 milliards d'euros par an - et puis les ministres de l'agriculture détricotent les propositions environnementales, destinées à verdir cette agriculture".
Nous agriculteurs sont prêts à s'engager