Journal du classique

La partition de musique présente dans un tableau de Jérôme Bosch a été déchiffrée et enregistrée

Partie du panneau de l’Enfer, où l’on voit les fesses d’un pécheur sur lesquelles est tatouée une partition de musique

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Le Jardin des Délices est l’un des chefs-d’œuvre de l’art primitif flamand, notamment car il regorge de détails et de symboles. Parmi ceux-ci, un détail nous intéresse tout particulièrement : une partition tatouée sur la fesse d’un des pécheurs dans le panneau représentant l’Enfer. Une étudiante en musicologie a retranscrit cette partition et l’a enregistrée.

Le Jardin des Délices, un florilège de motifs et de symboles

Le Jardin des Délice est l’un des tableaux les plus célèbres du Néerlandais Jérôme Bosch, peintre appartenant aux primitifs flamands, notamment pour la richesse des motifs qui la composent. Il s’agit d’un triptyque dont les panneaux représentent, de gauche à droit, l’union d’Adam et Ève par Dieu au Paradis, de l’humanité pécheresse avant le Déluge et enfin de l’Enfer où les pécheurs subissent les affres de la torture. Au cours des siècles, il a fait l’objet de nombreuses interprétations.

Le Jardin des délices par Jérôme Bosch, fin XVe siècle
Le Jardin des délices par Jérôme Bosch, fin XVe siècle © Musée du Prado

L’œuvre est un véritable terrain de jeu pour les historiens de l’art, tant le triptyque regorge de motifs et de symboles à analyser. Les panneaux de droite et du centre ont une palette de couleur assez claire, avec une prédominance de vert : le panneau de droite représente l’union entre Adam, le premier homme, et Eve, la première femme, célébrée au Paradis par Dieu qui a pris les traits du Christ, le panneau central dépeint un enchevêtrement de corps, féminins et masculins, mangeant des fruits et côtoyant de nombreux animaux, représentant l’humanité pécheresse avant le Déluge.

Panneau de droite, représentant le Paradis et l’union d’Adam et Ève par Dieu
Panneau central, représentant l’Humanité pécheresse avant le Déluge

"L’Enfer des musiciens"

Mais le panneau qui nous intéresse est celui qui représente l’Enfer. Contrairement aux deux autres, le panneau de l’Enfer présente une palette chromatique plus sombre, plus effrayante. Jérôme Bosch y représente différents supplices que les démons infligent aux pécheurs. Et dans la partie inférieure du panneau, il semble que Bosch ait représenté une sorte d’enfer des musiciens : en effet, on voit représentés plusieurs personnages torturés à l’aide d’instruments de musique : crucifixion sur une harpe et une cithare, séquestration dans un tambour ou une vielle à roue ou encore tatouage d’une partition de musique sur les fesses.

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C'est ce dernier élément, pour le moins cocasse, qui a attiré l'attention d'une étudiante en musicologie, prénommée Amélia. Elle a retranscrit la partition en notation moderne et l'a publiée sur la plateforme Tumblr. 

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Un internaute s'est alors amusé à l'enregistrer, donnant vie à la musique de ce tableau, vieux de 600 ans. 

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Ce n’est évidemment pas la première fois que cette curieuse partition attire l’attention de musiciens. Le musicien espagnol Gregorio Paniagua a enregistré un disque avec son ensemble Atrium Musicae de Madrid en 1978 sous le titre de "Codex Gluteo". Cet album s’inspire de ces notes inscrites sur les fesses de ce pécheur. Vous pouvez écouter un extrait de cet album ci-dessous.

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