Namur

La pénurie de puéricultrices commence dès les études : "Nous sommes passés de cinq classes à trois en cinquième année"

Le métier de puéricultrice ne suscite plus autant de vocations qu’avant

© Virginie Lefour – BELGA

Par Stéphanie Vandreck, Benjamin Carlier

Pascale Gruslin, responsable des crèches du CHR de Namur et d’une crèche à Dinant a toutes les peines du monde à recruter des puéricultrices : "J’ai posté une annonce il y a une grosse semaine et, jusqu’à présent, je n’ai eu aucune réponse, déplore-t-elle. Il y a réel un manque d’intérêt pour le métier".

Même son de cloche du côté de l’Institut Notre Dame de Namur, qui forme des puéricultrices dans sa section technique. "Chaque semaine, des milieux d’accueil me téléphonent pour demander des noms d’élèves qui sont sur le marché de l’emploi, pour pouvoir les engager, parce qu’on ne trouve plus personne", confirme Nathalie Derard, cheffe d’atelier.

235 élèves en 2015, 144 en 2023

L’école a vu le nombre d’élèves inscrits dans cette section diminuer de façon spectaculaire. "En 2015, on comptait 235 élèves en cinquième, sixième et septième, les trois années de formation. Maintenant, on en a 144 sur les trois ans, déclare Sylvie Satin, sa directrice. Il y a quelques années, on avait cinq classes de cinquième. Maintenant, on n’en a plus que trois. On doit donc faire des choix pour regrouper les élèves : moins d’élèves, ça veut aussi dire moins de possibilités". Le métier ne suscite plus autant de vocations qu’auparavant.

Comment s’explique ce désintérêt ? Certaines élèves sous-estiment la difficulté du métier et déchantent souvent lorsqu’elles arrivent sur leur lieu de stage. Le découragement ressenti par le milieu professionnel déteint aussi parfois sur ces futures puéricultrices. "Elles ne rencontrent pas toujours des professionnels qui sont dans une vocation et un plaisir du travail, car ils sont aussi mis à rude épreuve. Ne voyant pas toujours des modèles positifs, ils n’ont parfois plus envie de venir", témoigne Nathalie Derard. Toutes nos interlocutrices plaident pour une revalorisation de la profession pour attirer davantage de jeunes. "Ce sont des métiers en demande et ces personnes devraient avoir droit à une meilleure revalorisation financière", avance Sylvie Satin.

La situation inquiète les professionnels

Toutes nos interlocutrices plaident pour une revalorisation de la profession pour attirer davantage de jeunes. "Ce sont des métiers en demande et ces personnes devraient avoir droit à une meilleure revalorisation financière", avance Sylvie Satin. Mais elles insistent aussi sur la beauté du métier.

En attendant, les crèches gérées par Pascale Gruslin misent sur l’entraide entre membre du personnel pour pallier les absences. "Dès qu’on a un congé de maladie ou des écartements quand les puéricultrices sont enceintes, on est en pénurie de personnel. C’est donc un peu la débrouille pour assurer un accueil de qualité", explique-t-elle. La situation inquiète d’autant plus qu’il manque près de 5200 places d’accueil dans les crèches en Fédération Wallonie-Bruxelles. Et même si les initiatives, publiques ou privées, se multiplient pour créer de nouvelles structures, encore faut-il avoir du personnel en suffisance pour encadrer ces enfants.

Sur le même thème : reportage JT 01/06/2023

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