Un jour dans l'histoire

La petite histoire des allumettes

© Commons Wikimedia – Yann Segalen

De quand datent les allumettes et de quelle manière sont-elles apparues ? Yasmine Boudaka et Pasquale Nardone, professeur de physique à l’ULB, nous éclairent !

Au 17e ou 18e siècle, on utilisait le soufre pour fabriquer les allumettes. Mais il n'était pas si facile de l’enflammer ! Il fallait alors avoir recours à de l’acide sulfurique, dans lequel on trempait l’allumette pour enflammer le soufre.

C’était compliqué, non transportable et surtout extrêmement dangereux. Mais c’était bien utile pour ne pas avoir à employer des systèmes rudimentaires, comme les pierres à feu ou les brindilles.

C’est vers 1831 qu’un Français, Charles Sauria, a inventé la première allumette phosphorique à friction, en remplaçant le sulfure d’antimoine par le phosphore blanc. Dès les années 1830, elle a été fabriquée industriellement.

Du blanc au rouge

L’ennui est que ce phosphore blanc, un produit chimique naturel, avait le désavantage de pouvoir s’enflammer tout seul. Les allumettes pouvaient brûler dans la poche, ce qui n’était évidemment pas pratique ! De plus, il était toxique et il était donc déconseillé de porter les allumettes à la bouche.

Il a donc fallu remplacer ce phosphore blanc par quelque chose de plus pratique.

Le principe physique est simple : la friction provoque une élévation de température de la substance, et au contact de l’oxygène, une oxydation se produit et l’allumette brûle, dans une réaction en chaîne.

En 1913, le phosphore rouge a remplacé le phosphore blanc dans la fabrication des allumettes. Il n’est absolument pas toxique, mais il est plus difficile à enflammer. Le phosphore blanc s’enflamme à 30° et le rouge seulement à 260°.

Pour initier la combustion, on a donc enveloppé les bâtonnets de phosphore mais en y rajoutant des éléments comme le chlorate de potassium, pour amener le phosphore à partir plus facilement en flammes.

Une réaction en chaîne facilitée par la chimie

Les allumettes sont d’abord enrobées de paraffine avant d’être chapeautées de phosphore et de perchlorate.

En frottant l’allumette, on provoque une étincelle, on élève la température suffisamment pour déclencher la réaction chimique entre les deux réactifs, le phosphore et le chlorate de potassium.

Cette réaction est exothermique, c’est-à-dire qu’elle-même déclenche de la chaleur qui va continuer à enflammer le système et donc à enflammer la paraffine, puis à brûler le bois du bâtonnet.

La boîte et le frottoir

Il y a deux types d’allumettes.

Sur les allumettes dites de sécurité, l’un des éléments chimiques est sur l’allumette, l’autre sur le frottoir. Il n’est donc pas possible de les allumer ailleurs que sur ce frottoir. Elles sont appelées aussi allumettes suédoises, en raison de la nationalité suédoise de leur inventeur, Gustaf Erik Pasch, en 1844.

Pour les allumettes normales, le frottoir est simplement quelque chose de rugueux, capable de dégager suffisamment d’énergie par frottement.

Certaines allumettes s’allument absolument sur tous types de surface, même s’ils paraissent lisses, ce qui n’est évidemment jamais vrai car au niveau moléculaire, c’est toujours rugueux. C’est le cas pour les allumettes des cow-boys ou les petites cerini italiennes, dont le bâton est en cire.

La Belgique a développé toute une industrie de fabrication d’allumettes, avec la célèbre Union Match.

Aujourd’hui, l’allumette garde toute sa raison d’être. Le briquet, basé lui aussi sur la technique de friction, qui enflamme dans ce cas le gaz, ne fait pas l’unanimité parce que la flamme est trop proche du doigt !

L’allumette a donc toujours son marché !

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