Belgique

La plateforme Service citoyen appelle le monde politique à lui donner un cadre légal

Par Laurent Henrard et Aurore Spitaels

C’était une journée exceptionnelle pour 150 jeunes belges ce 16 mai. Ils ont été mis à l’honneur au Parlement fédéral. Tous ont reçu leur certificat après avoir effectué une mission pour la collectivité dans le cadre de la plateforme Service citoyen. Pour sensibiliser le monde politique, certains de ces jeunes ont partagé leur expérience avec des élus ces derniers mois.

L’opération s’appelait "Vis-Ma-Vie / Vis-Ma-Vivaldi" du nom donné au gouvernement fédéral. Objectif : souligner le besoin de cadre légal, et donc de financement public, pour le Service citoyen. Une de nos équipes a suivi ces rencontres entre ces jeunes et ces politiques.

La remise des certificats aux jeunes du Service citoyen au Parlement fédéral.
La remise des certificats aux jeunes du Service citoyen au Parlement fédéral. © Laurent Henrard

Partage d’expériences

Notre reportage commence au théâtre Jardin Passion à Namur. Ce jour-là, c’est le ministre fédéral de l’Économie et du Travail, Pierre-Yves Dermagne (PS), qui vient à la rencontre de Paloma. Cette jeune femme de 19 ans est une bénévole active au sein du théâtre namurois depuis quelques mois. Son diplôme secondaire en poche, Paloma voulait découvrir la réalité du terrain, avant de se lancer dans des études supérieures.

"Je suis venue avec une envie de prendre conscience de mes capacités parce que le milieu du travail, ça m’a toujours fait peur. J’ai jamais eu de job étudiant parce que j’étais effrayée de ça. J’avais besoin d’un endroit où je pouvais tester le milieu professionnel, mais sans avoir les responsabilités de quelqu’un qui est vraiment dans le milieu professionnel et qui risque le risque son salaire, son job, etc.", explique-t-elle.

Paloma a donc poussé la porte du Service citoyen, une plateforme qui permet aux jeunes de 18 à 25 ans d’effectuer une mission pour la collectivité. Une expérience qui rappelle des souvenirs au ministre du Travail, lui-même impliqué dans plusieurs associations quand il était étudiant.

Pour Pierre-Yves Dermagne, "c’est quelque chose qu’on doit mettre plus en avant, qu’on doit essayer de généraliser. On a finalement un embryon de service citoyen chez nous en Belgique mais qui n’est pas comparable à ce qui se fait ailleurs notamment en France. On doit pouvoir passer à la vitesse supérieure et donner la possibilité à un maximum de jeunes de pouvoir découvrir un investissement au service de la collectivité".

À Bruxelles, nous rencontrons un autre jeune. Luca Latte, 23 ans, originaire de la région de Charleroi. S’il est à Bruxelles aujourd’hui, c’est parce qu’il a rendez-vous avec la secrétaire d’État au Budget, Alexia Bertrand (Open Vld). Après l’avoir accueillie la veille dans son asbl carolo qui dispense des cours de français à des personnes étrangères, Luca va suivre la secrétaire d’État dans une après-midi marathon.

Ce jeudi-là, Alexia Bertrand est attendue en séance plénière à la Chambre pour répondre aux questions parlementaires. Luca suit tout cela de manière très attentive : "La plus belle chose que cela puisse m’apporter, c’est de déconstruire les idées reçues. Je pense que c’est un gros problème qu’on a, que ce soit du côté du peuple, ou du côté politique. Je pense qu’on a tous des idées reçues les uns sur les autres. Du coup, cette démarche, ça nous permet vraiment de déconstruire nos préjugés et de nous mettre dans la peau de l’autre pendant un instant".

Derrière ces rencontres avec les politiques, l’idée est de les sensibiliser davantage au Service citoyen. "Je les suis depuis des années", déclare Alexia Bertrand, "et ils ont des résultats incroyables. Ça change des vies et ça remet des jeunes aussi dans un parcours de vie et un parcours d’emploi. C’est extraordinaire".

Le besoin d’un cadre légal et d’un financement public

La plateforme Service citoyen a vu le jour en 2007 en Belgique. À l’inverse de ce qui se fait dans les pays voisins, le service citoyen belge ne bénéficie pas d’un financement public. Son directeur général François Ronveaux se bat pour faire changer cela. "Aujourd’hui, il y a plus de 800 organisations qui soutiennent le projet. Mais ces organisations sont des communes, des CPAS, des hôpitaux, des associations… À force de ramer, on a quand même réussi à rassembler autour de nous un certain nombre de fonds. Cela permet à 600 jeunes chaque année d’effectuer une mission. C’est très peu quand on compare avec les centaines de milliers de jeunes en France ou en Allemagne, là où le service citoyen est financé par les pouvoirs politiques", explique-t-il.

Un cadre légal et un financement public permettraient de toucher davantage de jeunes.

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