Ce mercredi, la police judiciaire fédérale tirait la sonnette d’alarme face aux commissions de l’Intérieur et de la Justice de la Chambre. Entre manque de moyens humains et financiers, "la police judiciaire est dans un état catastrophique", a alerté Frédéric Van Leeuw, procureur fédéral. Alors, quelle doit être la réponse des autorités politiques ? Surtout, quelles sont les conséquences pour le citoyen de ce manque de moyens de la police judiciaire ?
"C’est un peu comme si nous agissions dans le brouillard", raconte Frédéric Van Leeuw au micro de Thomas Gadisseux. "Une fois que quelque chose sort du brouillard… on saute dessus. C’est donc une mauvaise utilisation des capacités et on ne saute pas nécessairement sur la bonne chose."
Cette situation, c’est du jamais vu dans la carrière du procureur fédéral. "On connaissait les vulnérabilités du système, on avait déjà vu avec les années de terrorisme qu’on a connu", se souvient celui qui avait dû expliquer ses choix devant le parlement. "Mais ici, c’est à un autre niveau."
Choisir, et donc renoncer
Par manque de moyens, la police judiciaire fédérale doit faire des choix, et donc laisser tomber des enquêtes. Frédéric Van Leeuw prend l’exemple de Bruxelles : "sur 300 dossiers financiers, on en a laissé tomber une cinquantaine."
C’est clair que par rapport à un phénomène impliquant la mafia et la drogue, on ne va pas donner la priorité au trafic d’œuvres d’art.
Alors, comment priorise-t-on ? "C’est clair que par rapport à un phénomène impliquant la mafia et la drogue, on ne va pas donner la priorité au trafic d’œuvres d’art. J’espère que tout le monde peut comprendre cela", explique le procureur fédéral.
"Ce qui peut également arriver, c’est qu’on aboutisse à une condamnation dans des dossiers, que cela donne lieu à une série de confiscation, mais qu’on n’ait pas la capacité d’aller chercher ces millions confisqués." Résultat : les criminels continuent de posséder des millions… "et donc le crime rapporte et continue de rapporter."
Le manque de moyens
Pour mener à bien ses missions, la police judiciaire fédérale devrait retrouver 1000 équivalents temps plein supplémentaires. Rien que pour le dossier SKY ECC – un système crypté utilisé par les trafiquants de drogue -, 1000 équivalents temps plein ont été mobilisés.
Alors, quels sont les moyens financiers demandés ? "On ne demande pas la lune. Il y a un plan DGJ 3.0 et on demande que ce budget soit clair", lance le procureur fédéral. "Deuxièmement, par année, Eric Snoek [le directeur] demande une injection annuelle sur cinq ans entre 35 et 55 millions d’euros."