Patrimoine

La Porte de Hal, le Pavillon chinois et la Tour japonaise bientôt vendus ?

© Tous droits réservés

La Porte de Hal, le Pavillon chinois et la Tour japonaise seraient-ils promis à la vente ? C’est ce que révèle un article de la VRT. Il se base sur une note interne de la direction des Musées royaux d’Art et d’Histoire, l’exploitant de ces trois lieux. Selon cette note, il serait plutôt question de ne plus occuper ces lieux et de recentrer les activités muséales sur le plateau du Cinquantenaire.

Contacté par nos soins, Bruno Verbergt, le directeur général ad interim des Musées royaux d’Art et d’Histoire confirme bien avoir écrit cette note dans le cadre d’un exercice sur ses besoins en personnel. Il précise : "Après le dernier conclave budgétaire, nous savons que nous n’aurons pas plus de moyens en personnel bien que nous vivions une pénurie de personnel depuis plusieurs années. Dans ce contexte, mon devoir de directeur est de faire des choix. J’ai donc proposé deux choses au comité de direction : ne plus occuper la Tour japonaise, le Pavillon chinois, comme c’est déjà le cas actuellement, mais aussi la Porte de Hal."

Et de poursuivre : "Il s’agit d’un calcul économique. La fréquentation de ce musée est de 16.000 visiteurs par an et nous avons, par contre, un coût considérable aggravé par le coût énergétique. C’est une piste que nous étudions et qui n’est pas encore décidée."

Une offre muséale recentrée sur le plateau du Cinquantenaire

Cette réflexion interne a déjà fait son chemin jusqu’au cabinet du ministre de tutelle, Thomas Dermine, le secrétaire d’État de la politique scientifique fédérale. Son porte-parole confirme qu’ils comptent, effectivement, redéployer une offre muséale à partir des bâtiments situés sur le plateau du Cinquantenaire.

L’ensemble des collections des Musées royaux d’Art et d’Histoire seraient donc, à l’avenir, visibles uniquement sur deux sites : le Musée du Cinquantenaire et le MIM, le Musée des Instruments de musique.

Si les collections de la Tour japonaise et du Pavillon chinois ont déjà été évacuées dans les réserves du parc du Cinquantenaire depuis plusieurs années pour cause d’insalubrité, il n’en va pas de même des collections de la Porte de Hal.

Or, ces collections rassemblent un nombre conséquent de pièces de l’ethnographie de nos régions et notamment les chevaux empaillés des Archiducs Albert et Isabelle de Habsbourg ou encore le berceau de Charles Quint. Pas sûr que le Musée du Cinquantenaire soit en mesure de les accueillir, alors que lui-même devrait être entièrement rénové prochainement.

En effet, à l’approche du bicentenaire de la Belgique, en 2030, des travaux de rénovation conséquents sont prévus pour l’ensemble des bâtiments du Cinquantenaire.

Que faire de la Porte de Hal si on ferme le Musée ?

© Tous droits réservés

A contrario, la Porte de Hal a déjà fait l’objet d’une rénovation en profondeur récemment. Pour beaucoup, c’est un lieu emblématique chargé de 600 ans d’histoire. La Porte de Hal est d’ailleurs le lieu de naissance des Musées royaux d’Art et d’Histoire. Difficile de comprendre que ce lieu soit lâché par son principal occupant depuis 175 ans.

Pour en savoir plus, nous avons également contacté le gestionnaire des lieux, la Régie des Bâtiments. Laurent Vrijdaghs, administrateur général de la Régie des Bâtiments est formel : "Nous n’avons pas reçu de vision stratégique concernant ce bâtiment. Il est propriété de l’État fédéral. Nous essaierons toutes les pistes d’affectation possible en faisant appel à d’autres acteurs fédéraux avant que la piste de la vente soit envisagée."

Le Pavillon chinois et la Tour japonaise à l’abandon depuis 10 ans au centre d’un partenariat privé-public

© Tous droits réservés

La donation royale, de son côté, est propriétaire du Pavillon chinois et de la Tour japonaise. Selon Laurent Vrijdaghs, c’est à elle de dire ce qu’elle compte en faire pour autant que les Musées royaux d’Art et d’Histoire confirment leur intention de s’en défaire.

Le Pavillon Chinois et la Tour Japonaise sont deux curiosités asiatiques de Bruxelles. C’est le roi Léopold II qui avait ordonné leurs constructions. Elles ont, depuis, été très souvent laissées à l’abandon. Et qui dit abandon, dit détérioration. Restaurés à grands frais dans les années 80, les édifices sont fermés, depuis 2013, sans qu’une piste de solution ne semble surgir. En 2019, la Région bruxelloise a fait classer les bâtiments.

Diane Hennebert a dirigé la restauration de l’Atomium et de la Villa Empain. Elle avait, récemment, soumis à la donation royale un projet de réaffectation pour le Pavillon chinois de Laeken. Rebaptisé le Palais des routes de la Soie, le pavillon deviendrait un lieu d’exposition, de conférences et de soirées privées. De nombreux sponsors privés se sont proposés pour participer aux frais de restauration des deux bâtiments.

© Tous droits réservés

Ce partenariat privé-public se concrétiserait sous une forme de structure mixte de gestion de gestion de type AISBL. Pour elle, il est évident que ces bâtiments ne sont pas à vendre. Elle ne cache pas une certaine exaspération face à l’immobilisme de ce dossier : "Nous sommes plus forts dans la destruction de patrimoine que dans la confection de gaufres ou les frites ! Nous sommes les seuls à avoir des bâtiments de cette qualité en Europe et nous n’en faisons rien. J’ai pu visiter le pavillon chinois il y a quelques mois et j’étais catastrophée de voir l’état de dégradation du bâtiment."

Ce projet de partenariat privé-public va un peu plus loin que la suggestion de Pascal Smet, secrétaire d’État du Patrimoine à la Région de Bruxelles-Capitale d’ouvrir un salon de thé dans le Pavillon chinois, comme il le déclare dans l’article de la VRT.

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma...Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Sur le même sujet

Articles recommandés pour vous