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"La poupée russe" : un true crime autour d'une femme sans tête

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En novembre 2020, la Belgique se confine à nouveau.
Il est interdit de flâner sans masque dans l’espace public. Alors pour narguer cet obstacle, Myriam Leroy se promène au cimetière d’Ixelles. Quand elle tombe sur le cercle des martyrs de la Seconde Guerre mondiale, peuplé de Lucien et de Raymond, son regard est attiré par une stèle qui porte un nom russe, un nom de femme, Marina. Et par la cause de sa mort, gravée dans la pierre : décapitée.
Pourquoi Marina a-t-elle eu la tête tranchée, qui était-elle, qu’en reste-t-il ? Alors qu’elle enquête pour comprendre le destin de cette mère de famille de 33 ans, la journaliste découvre d’autres histoires, liées à son quartier, à ses amis, à sa géographie. Des récits de violence et d’héroïsme se déroulant en arborescence à partir de Marina, depuis le cimetière d’Ixelles. Et alors qu’une nouvelle guerre gronde à nos portes, 2022 et 1942 se superposent en deux calques troublants.

Il ne reste rien d’elle. Même le cimetière d’Ixelles où elle est enterrée ne l’a pas consignée dans son registre. Pour connaître l’histoire de Marina Chafroff, décapitée sur ordre d’Hitler à l’âge de 33 ans, il faut enquêter. C’est l’entreprise dans laquelle s’est lancée Myriam Leroy après avoir découvert sa pierre tombale dans le carré des martyrs, au hasard d’une promenade d’hiver en plein confinement. Pourquoi la journaliste s’est-elle intéressée à cette mère de famille d’origine russe? Avant tout parce que des hasards troublants, liés à une géographie commune, se sont très vite exprimés. Mais aussi, parce que Marina Chafroff a été décapitée. Et cette mise à mort, cruelle et spectaculaire, venait de se réinviter dans l’actualité suite à l’exécution terrible d’un professeur d’histoire-géo, Samuel Paty, revendiquée par Daesh.
Myriam Leroy ignorait qu’on décapitait des femmes durant la guerre, et qu’on décapitait tout court durant la guerre. Au fond, elle ignorait à peu près tout de la guerre. Et alors que le paysage bruxellois a été façonné par la guerre, que son propre père l’a vécue, elle appartient à une génération pour laquelle, jusqu’à ce que gronde à nos portes les chars et les armes russes, la guerre devenait une sorte de science-fiction.
S’intéresser à Marina, c’est comprendre, de façon très concrète, comment l’Histoire repasse les plats. Et c’est découvrir, en fractales, d’autres histoires extraordinaires, liées de près ou de loin à celle de la femme sans tête : celle de Peter Allan, le premier évadé de la forteresse allemande de Colditz, qui vivra ensuite à Bruxelles, au-dessus des caves de la Gestapo. Ou celle, Tarantinesque, d’Hélène Moszkiewiez, jeune fille juive s’étant fait engager dans la Gestapo et ayant sauvé des dizaines de personnes d’un destin funeste, avant de jouer du couteau sur un éminent nazi.
À l’heure où des cortèges de protestations contre les mesures sanitaires se réapproprient les codes de la résistance, ce podcast explore des figures réelles de la rébellion contre le totalitarisme, romanesques en diable, aux accents terriblement contemporains, évoluant dans des décors que nous connaissons tous.
Progressant en arborescence et faisant de nombreux allers et retours entre le passé et le présent, Myriam Leroy réanime des souvenirs sépia bientôt effrités dans toutes les mémoires, qui nous parlent pourtant de thèmes on ne peut plus actuels, de radicalisation, de haine, de violence, de courage et d’idéal.

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Myriam Leroy était l'invité de 'Dans quel monde on vit', le 14 janvier. Ecoutez-la ici...

Dans quel Monde on vit

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