Douze jours après le début de l’invasion russe en Ukraine, l’armée russe resserre son étau sur la capitale Kiev et bombarde la deuxième ville du pays, Kharkiv. Le conflit reste toujours aussi intense alors que de nouveaux pourparlers ont débuté. Une troisième session de négociations russo-ukrainiennes a en effet débuté ce lundi soir en Biélorussie. QR l’actu fait le point sur cette guerre avec Julien Pomarède, chercheur en sciences politique à l’ULB et Quentin Michel professeur de sciences politiques ULiège.
Kiev, dernière cible de Poutine ?
Selon Julien Pomarède, Kiev ne tombera pas facilement aux mains des Russes : "Les Russes sont assez lents dans la prise des villes. Et Kiev est très grand, plusieurs centaines de kilomètres carrés. Cela peut donc prendre plusieurs mois pour prendre Kiev et engendrer des souffrances importantes". Pour le chercheur de l’ULB, tout porte à croire que Kiev est l’objectif militaire principal pour faire tomber le pouvoir politique ukrainien. "Vu les difficultés des Russes à avancer, on peut imaginer que Poutine va s’arrêter d’avancer après la prise de Kiev, et commencer à négocier pour verrouiller le territoire conquis". Julien Pomarède ne croit pas à d’autres invasions sur la Géorgie ou encore la Moldavie.
Quid des négociations ?
Une troisième round de négociations a débuté en Biélorussie mais a-t-il réellement une chance d’aboutir à un résultat ? Sans doute pas. Mais pour Julien Pomarède, ces pourparlers restent essentiels."Même si la marge de manœuvre est extrêmement réduite, comme c’est le cas actuellement, il faut poursuivre les discussions ne serait-ce que pour tenter un cessez-le-feu ou pour organiser l’accueil des réfugiés ou encore le passage des convois humanitaires transfrontaliers.
Engagement militaire ?
Faut-il se contenter d’envoyer des armes aux Ukrainiens ? Faut-il se limiter aux sanctions économiques quand on voit le désarroi des populations civiles ? Pour Quentin Michel, s’engager militairement dans le conflit reviendrait quasiment à une déclaration de guerre. Franchir ce pas n’est pas sans conséquence et les Occidentaux ne sont pas prêts à aller jusque-là pour le moment.
Et l’ONU ?
La marge de manœuvre des Nations Unies est extrêmement faible dans ce confit car comme l’explique Julien Pomarède la Russie est un membre permanent de l’ONU et elle dispose donc à cet égard d’un droit de veto : "Toute initiative ou décision d’ampleur qui concernerait le conflit sera irrémédiablement bloqué. Envoyer des inspecteurs, des casques bleus ou tout autre manœuvre de ce type sera refusé par la Russie".
Renverser poutine ?
Nous avons pu découvrir quelques mouvements de manifestations des Russes contre cette guerre. Mais ces mouvements de contestations sont rapidement réprimés par des arrestations. Alors la contestation pourra-t-elle faire bouger les lignes ? C’est très difficile à dire répondent les deux experts. "Il est tout d’abord très difficile de connaître l’ampleur de la contestation" estime Quentin Michel et puis "l’autocratie de Vladimir Poutine vit séparé de la population et elle peut aller très loin dans les souffrances, et les répressions qu’elle peut infliger à sa population" ajoute Julien Pomarède. En clair, il est très difficile de s’avancer sur la pression populaire et sur sa capacité à faire vaciller le régime de Poutine.