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La prochaine pandémie se cache-t-elle dans les glaciers au Tibet qui libèrent des bactéries vieilles de 10.000 ans ?

© Getty Images

Par Chloé Rosier

Près de 1000 types de microbes viennent d’être découverts dans les glaciers tibétains. Inconnus de la science moderne, ils pourraient un jour être libéré dans la nature en raison de la fonte des glaces due au réchauffement climatique.

On sait que la vie peut survivre à des milieux très difficiles, on l’a vu notamment avec les tardigrades qui peuvent résister aux températures extrêmes, aux pressions extrêmes, aux radiations, à la déshydratation, à la famine et même au quasi-vide de l’espace mais aussi avec une bactérie qui peut survivre à un voyage spatial (et donc potentiellement amener la vie sur d’autres planètes).

La recherche, publiée dans Nature Biotechnology, explique que dans les "conditions environnementales extrêmes" du plateau tibétain (températures glaciales, niveaux élevés de rayonnement solaire, congélation-décongélation en fonction des saisons), les scientifiques ont découvert 968 espèces, dont une gamme très diversifiée de microbes. Environ 98% de ces espèces sont complètement nouvelles pour la science.

"Les surfaces des glaciers abritent un large éventail de formes de vie, notamment des bactéries, des algues, des archées, des champignons et d’autres micro-eucaryotes. Les micro-organismes ont démontré leur capacité à s’adapter à ces conditions extrêmes et à contribuer aux processus écologiques vitaux", peut-on lire dans l’étude de l’équipe dirigée par Yongqin Liu, écologiste de l’Université de Lanzhou.

Mais ce qui peut inquiéter certains, c’est la présence de microbes et virus vieux de 10.000 ans qui sont encore actifs malgré leur âge et les conditions de froid extrême. "Le microbiome glaciaire constitue également une chronologie inestimable de la vie microbienne sur notre planète", continuent-ils. Dans la région étudiée, plus de 80% des glaciers ont déjà commencé à reculer, comme le précise PhysOrg.

Afin de ne pas perdre des informations importantes qui disparaîtraient dans la fonte des glaces, les chercheurs ont créé le premier catalogue de génomes et de gènes dédié aux écosystèmes glaciaires : le "Tibetan Glacier Genome and Gene" (TG2G).

"Nous envisageons que le catalogue constituera la base d’un référentiel mondial complet pour les données sur le microbiome glaciaire."

En échantillonnant la neige, la glace et la poussière de 21 glaciers tibétains entre 2016 et 2020, ils ont pu collecter tout le matériel génétique présent. Plus intéressant encore, ils ont "cultivé" dans un laboratoire certains des microbes trouvés dans le but non seulement d’en savoir plus sur eux, mais aussi pour récupérer une grande proportion de leur génome, découvrant ainsi que 82% des génomes étaient de "nouvelles" espèces (non découvertes jusqu’ici mais datant de plusieurs milliers d’années).

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Des futurs risques de pandémie mondiale

Et c’est là que les choses se corsent, si les connaissances scientifiques sont inestimables, les preuves suggèrent que certaines des bactéries nouvellement découvertes pourraient être très dangereuses, tant pour les humains que pour d’autres organismes, explique LiveScience.

"Les microbes pathogènes piégés dans la glace pourraient entraîner des épidémies locales et même des pandémies" s’ils sont libérés dans l’environnement, ont écrit les auteurs dans leur article.

L’équipe a en effet identifié 27.000 facteurs de virulence potentiels (les facteurs de virulence sont des molécules qui aident les bactéries à envahir et coloniser les hôtes potentiels) et environ 47% de ces facteurs de virulence n’ont jamais été observés auparavant… Il n’y a donc aucun moyen de savoir à quel point la bactérie pourrait être dangereuse.

Lueur d’espoir : leur durée de vie, une fois qu’elles sortent du glacier n’est pas très longue. Cependant, les chercheurs soutiennent qu’elles peuvent malgré tout causer des problèmes. En effet, les bactéries ont la capacité d’échanger de grandes sections de leur ADN (appelées éléments génétiques mobiles), avec d’autres bactéries. De ce fait, même si les bactéries glaciaires meurent peu de temps après avoir été décongelées, elles auront peut-être eu le temps de transmettre une partie de leur virulence à d’autres bactéries qu’elles rencontrent !

Et, cerise sur le gâteau, les glaciers du plateau tibétain alimentent en eau douce plusieurs voies navigables, notamment le fleuve Yangtsé, le fleuve Jaune et le Gange. Des fleuves qui alimentent deux des pays les plus peuplés du monde : la Chine et l’Inde. Si un virus survit, la propagation pourrait amener à une nouvelle pandémie mondiale.

La recherche et le catalogage de tous les virus, bactéries, microbes présents dans l’ensemble des glaciers de la planète est une solution pour savoir ce à quoi on aura peut-être un jour à faire face.

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