L’hiver 2025-2026 s’annonce déjà comme un hiver délicat pour l’approvisionnement en électricité de la Belgique. L’accord conclu lundi entre Engie et le gouvernement ne prévoit rien pour cette période, si ce n’est, comme l’a expliqué le gouvernement, "qu’Engie s’est engagé à être partenaire pour combler le trou", comme l’expliquait Jean-Marc Nollet, co-président d’Ecolo ce mardi matin sur La Première.
Dans l’état actuel des choses, au cœur de l’hiver 2025-2026, tous les réacteurs nucléaires du pays devraient être à l’arrêt, même Tihange 3 et Doel 4.
Si l’on veut que les deux réacteurs de Tihange 3 et Doel 4, ceux qu’on vient de décider de prolonger, soient opérationnels pour 10 ans à partir de novembre 2026, il va falloir les préparer. Il est ainsi prévu que Doel 4 soit mis à l’arrêt en juillet 2025 et que Tihange 3 le soit à partir de septembre de la même année. Entre cette période et novembre 2026, les deux réacteurs connaîtront des travaux de maintenance et de mise à niveau pour permettre leur exploitation jusqu’en 2036.
Les autres réacteurs nucléaires encore en activité auront cessé de fonctionner avant la fin de l’année 2025, conformément à ce qui est prévu dans la loi de sortie du nucléaire :
- Le réacteur de Doel 3 est déjà à l’arrêt depuis octobre 2022
- Tihange 2 sera mis à l’arrêt le 1er février 2023
- La centrale de Doel 1 s’arrêtera le 15 février 2025
- Le réacteur de Tihange 1 cessera ses activités le 1er octobre 2025
- Doel 2 s’arrêtera pour de bon le 1er décembre 2025
Dès lors, quelle sera la capacité de production disponible ?
Pour anticiper la fermeture des réacteurs nucléaires, le gouvernement a mis au point, depuis 2021, le CRM, un mécanisme de "rémunération de capacité", qui doit permettre à des opérateurs d’investir dans des moyens de productions.
Actuellement, selon ce que CRM prévoit, deux nouvelles centrales au gaz devraient être prêtes pour l’hiver 2025-2026. L’une sera construite par Engie aux Awirs et l’autre par Luminus, à Seraing.
Le CRM prévoit aussi le développement d’autres technologies, telles que des batteries pour le stockage de l’électricité. Il est aussi prévu de compter sur "le travail sur la demande" (Demand side management), c’est-à-dire la possibilité de limiter la consommation de certains clients, par exemple des entreprises, ou de la différer à des moments plus propices pour le réseau électrique.
Enfin, les capacités de production d’énergie renouvelables devraient encore avoir augmenté d’ici là.
Malgré tout, cela pourrait ne pas suffire. En septembre dernier, Elia (le gestionnaire du réseau d’électricité) et Fluxys (le gestionnaire du réseau gazier) ont, à la demande du gouvernement, procédé à une nouvelle estimation des besoins en énergie de la Belgique pour la période 2025-2026. Le rapport que ces opérateurs ont rédigé conclut qu’il manquera entre 900 MWh et 1200 MWh pour garantir l’approvisionnement énergétique du pays au cours de l’hiver 2025-2026. C’est l’équivalent d’un réacteur nucléaire.
Cela s’explique aussi par le contexte actuel. La guerre en Ukraine a rendu certaines alternatives, notamment celles qui dépendent du gaz, plus difficiles, voire plus aléatoires. Importer de l’électricité de nos pays voisins est aussi plus compliqué en raison des problèmes que la France connaît avec son parc de centrales nucléaires.