Matin Première

La rectrice de l’ULB à propos du viol de décembre : "Il faut former à la notion de consentement"

L'invitée: Annemie Schaus, rectrice de l’ULB

Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement

Nous voici donc dans la deuxième semaine des vacances de détente (ou de carnaval, c’est selon). La rectrice de l’ULB confirme que l’enseignement supérieur va emboîter le pas de la réforme des rythmes scolaires d’ici deux trois ansAu micro de Thomas Gadisseux et de Marie Vancutsem, elle souligne : " cette réforme dans l’enseignement obligatoire est une occasion de réfléchir à notre propre calendrier ".

Mais il ne s’agit cependant pas de s’aligner totalement (il n’y a pas de vacances de carnaval à l’université, excepté le mardi gras). " La seule période où il y a une différence ce sont les vacances de Pâques (ou de printemps, c’est aussi selon, ndlr) et donc la fin de l’année scolaire. "L’occasion donc de réfléchir à nos propres rythmes, parce que les étudiants sont constamment en examens. Les profs aussi. Avec beaucoup moins de temps de pause pour profs et étudiants. Et de temps de recherches pour les professeurs. Hors c’est ça la spécificité de l’université".

Réfléchir sur nos méthodes d’enseignement et nos méthodes d’évaluation

Un "big ban " serait donc en marche. Et la rectrice de demander du temps donc pour une réflexion. "En ‘ramassant’plus l’année, il faudra évaluer autrement. On voudrait prendre le temps de réfléchir sur nos méthodes d’enseignement et nos méthodes d’évaluation".

À revoir, reportage dans le JT de13 heures (15 février 2023) :

Big Bang

Ce serait donc l’occasion aussi de "doper la qualité de l’enseignement". Surtout après la période Covid qui a chamboulé la vie des étudiants en secondaire, moins aguerris à leur arrivée en 1re Bac – et aussi du point de vue de la santé mentale - pour rentrer à l’université. La rectrice de penser aussi à la technologie, comme le fameux Chat GPT, qui va nécessiter un changement aussi dans la façon d’évaluer. "On ne pourra pas continuer à fonctionner comme on fonctionne maintenant", souligne la rectrice.

L’échec à l’université est difficile à vivre

Pour accueillir justement ces rhétoriciens qui arrivent à l’université, parfois un peu déboussolés, des choses ont été mises en place. Des tests d’orientation (sur base volontaire), des cours de remédiation, un étalement des études pour une remise à niveau…  "L’échec à l’université est difficile à vivre", explique Annemie Schaus.

Annemie Schaus, le 11 septembre 2020.
Annemie Schaus, le 11 septembre 2020. © Tous droits réservés

Un master de médecine à Mons?

L’Université Libre de Bruxelles souhaiterait également que l’UMONS puisse accueillir prochainement des études de médecine (un master, pour être précis) sur son campus hennuyer. La ministre de l’Enseignement supérieur, Valérie Glatigny, pense, elle, qu’il y a déjà assez de cursus universitaires en médecine en Fédération Wallonie-Bruxelles. La rectrice de l’ULB n’est pas de cet avis. Et Annemie Schaus de confirmer qu’" une demande d’habilitation a été introduite par l’ULB avec l’UMONS ". Les discussions sont en cours et la décision politique devrait tomber demain ou jeudi. La rectrice se dit " sereine " quant à la décision qui devrait être rendue par la Communauté française donc.

Harcèlement et viols

Autre dossier, après un viol " dramatique et terrible " survenu en décembre, la communauté étudiante de l’ULB a été chamboulée. Les universités ont été fortement impactées et ont décidé de prendre des initiatives.

Il faut former à la notion de consentement, il faut former à l’écoute

Annemie Schaus met en évidence les structures de soutien et d’écoute, davantage sollicitées par la " libération de la parole des femmes" et la confiance données à ces structures. L’ULB a mis en place Cash-e, un centre qui accueille les victimes (de manière anonyme ou pas), une réflexion sur une sécurité renforcée aussi sur le campus… La rectrice parle d’une prise de conscience du corps enseignant et du rectorat. Un défi donc aussi du rectorat par rapport au corps enseignant. " Il faut former à la notion de consentement, il faut former à l’écoute. Et aussi prendre des sanctions disciplinaires quand c’est nécessaire. Ce qui est le cas à l’ULB pour le moment ".

Olivier Vandecasteele et droits humains

Annemie Schaus de donner aussi son avis sur le dossier Olivier Vandecasteele, du nom de cet humanitaire belge retenu prisonnier en Iran depuis un an. Juriste et constitutionnaliste de formation (elle a notamment été l’avocate de Julian Assange). Elle souligne que la Cour constitutionnelle devrait se pencher sur les traités de transfèrement en eux-mêmes, et non pas sur le dossier spécifique au cas d’Olivier Vandecasteele et Assadollah Assadi (l’Iranien détenu, lui, en Belgique, et qui pourrait faire l’objet d’un échange). " Traditionnellement ce genre d’affaire était réglée de manière diplomatique et non pas par la Justice. Cela traduit une difficulté pour le pouvoir judiciaire et la Cour constitutionnelle de tenir compte des enjeux diplomatiques de cette situation " analyse-t-elle. Et de supputer que la Cour estimera qu’elle n’a pas à rentrer dans les cas spécifiques de l’otage belge et du prisonnier iranien.

"Les chercheurs et les collègues – surtout depuis la crise du Covid- sont de plus en plus pris à partie. Parfois même menacés "

Un professeur invité de l’ULB, l’irano-suédois Ahmadreza Djalali, est quant à lui condamné à mort par l’Iran. La mobilisation de l’ULB est importante. L’occasion pour la rectrice de revenir sur la remise en cause de la parole scientifique dans nos universités. " Il n’y a pas que dans les pays autoritaires, mais aussi dans nos propres démocraties. Les chercheurs et les collègues – surtout depuis la crise du Covid – sont de plus en plus pris à partie. Parfois même menacés " même au sein de l’ULB. Des scientifiques qui se sont prononcés durant la crise du covid ou concernant la question du réchauffement climatique. Par la société civile mais entre chercheurs aussi, explique la rectrice. " Notre rôle est de protéger la liberté académique et scientifique de nos chercheurs. Et leur indépendance ". L’initiative, appelée " Paroles menacées " est menée par l’ULB tout au long de cette année.

Recevez chaque vendredi l'essentiel de Matin Première

Recevez chaque semaine une sélection des actualités de la semaine de Matin Première. Interviews, chroniques, reportages, récits pour savoir ce qui se passe en Belgique, près de chez vous et dans le monde.

Articles recommandés pour vous