Belgique

La réforme des rythmes scolaires en Flandre n’est pas pour demain

Dès l’an prochain, les élèves de l’enseignement francophone ne seront pas en vacances avant le 7 juillet, alors qu’ils auront déjà rejoint les bancs scolaires le 29 août. En Flandre, cette réforme des rythmes scolaires est cependant loin de faire l’unanimité.

Ce débat n’était d’ailleurs par vraiment voulu par le ministre flamand de l’Enseignement, Ben Weyts qui - entre l’énorme pénurie d’enseignants et la baisse du niveau des élèves néerlandophones - a très certainement d’autres chats à fouetter. Mais la petite révolution qui a eu lieu côté francophone s’est imposée à l’agenda, notamment pour une question d’harmonisation des vacances scolaires dans le pays, ou encore pour répondre au mécontentement de certains parents qui ont des enfants aussi bien dans l’enseignement francophone que néerlandophone, et pour qui l’organisation des congés sera tout sauf reposante. 

Dans un premier temps, le ministre Ben Weyts ne s’est pas opposé à un raccourcissement des vacances d’été. Il faut dire que les experts plaident depuis longtemps pour l’adoption de ce système. Raboter de deux semaines les congés de juillet et août serait en effet bénéfique pour contrer les pertes d’apprentissage durant cette trop longue période. Rallonger en échange les vacances de Toussaint et de Carnaval permettrait aussi aux élèves de mieux recharger leurs batteries.

Face au dilemme, le ministre N-VA a préféré ne pas prendre de décision hâtive et se tourner vers les acteurs de terrain, les associations de parents et les partenaires sociaux. 

Une grande majorité contre

Ce qui est frappant, c’est que quasi tous les acteurs concernés sont contre une réforme des rythmes scolaires. Les enseignants ont été les premiers à s’exprimer. D’après une vaste enquête menée auprès de 5300 d’entre eux, 4 instituteurs flamands sur 5 n’y sont pas favorables. 

Les enseignants craignent notamment une hausse de la charge de travail, et un manque de temps pour réellement se reposer. Couper dans les congés pourrait aussi rendre leur profession bien moins attrayante.

De très nombreux sondés affirment d’ailleurs qu’ils quitteraient leur job s’ils venaient à avoir deux semaines de vacances d’été en moins. Et c’est également le cas des directeurs d’école qui, eux aussi, craignent de manquer de temps pour boucler l’année académique, et préparer la suivante. Six directeurs sur dix se disent ainsi contre tout changement. 

Et les élèves dans tout ça?

Eux aussi ont eu droit à leur sondage. La Coupole qui les représente a interrogé quelque 3500 élèves, et près de 80% d’entre eux ne veulent pas sacrifier leurs deux mois de pause. Ils estiment que les vacances d’été sont leur seul vrai moment de déconnexion, car les autres congés seraient systématiquement ternis par des deadlines, des contrôles ou des devoirs annoncés. 

 

Les élèves ne seraient par ailleurs pas intéressés par une semaine supplémentaire à la Toussaint et au Carnaval, car il ne fait pas suffisamment beau pour en profiter. Ils soulignent aussi les complications que pourraient subir les enfants de parents divorcés, sachant que les arrangements familiaux devront alors être bousculés. 

Concernant les parents justement, on notera qu’ils sont finalement les seuls à être légèrement en faveur d’une réforme. Un peu plus de la moitié d’entre eux se dit favorable à des vacances d’été moins longues, une position qu’on peut comprendre, puisqu’il n’est pas toujours évident d’occuper ses enfants durant deux mois. 

Le changement, c’est pas maintenant 

Est-ce qu’on peut malgré tout espérer que la réforme des rythmes scolaires soit introduite en Flandre, ou est-ce que c’est peine perdue ? Pour le moment, Ben Weyts attend encore l’avis du Conseil flamand de l’enseignement qui devrait être remis d’ici la fin de l’année scolaire. 

Le réseau des écoles communautaires flamandes soutient, lui, le projet, tout comme celui de l’enseignement catholique qui demande cependant qu’une enquête soit réalisée sur les bénéfices d’un tel système. 

Quoi qu’il en soit, face aux opinions pour le moins divergentes, le ministre en charge a d’ores et déjà prévenu : la réforme n’aura lieu que si elle obtient un large soutien des acteurs de terrain, mais aussi des autres secteurs et des familles, car tous sont selon lui concernés. Ce n’est donc pas demain la veille que ce changement interviendra. Les personnes contrariées par cette nouvelle différence entre le nord et le sud du pays devront prendre leur mal en patience.

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