"Dire que la ministre des Entreprises publiques vit le jour le plus important de sa carrière politique, ce n’est pas exagéré", selon De Morgen. Petra De Sutter doit répondre aujourd’hui devant le parlement aux questions sur une série de dossiers embarrassants concernant bpost. L’entreprise aurait reçu des subsides trop généreux, et aurait envoyé à l’Etat des factures gonflées. A cela s’ajoute la polémique, sur les deux collaborateurs que bpost a envoyés pour travailler au cabinet de la ministre, alors qu’ils restaient payés par l’entreprise postale.
Pour De Morgen, il s’agit désormais d’une guerre entre les bureaux, où "d’anciens et d’actuels hauts responsables de bpost se chargent mutuellement et tentent d’entraîner le gouvernement dans leur chute". Une guerre menée à coups de fuites de messages WhatsApp. Et dans un tel contexte, personne ne peut se sentir en sécurité, pas même une ministre. Toutefois, à en croire le quotidien flamand, le sort de Petra De Sutter serait moins inquiétant que celui de bpost elle-même. L’entreprise aura en effet des comptes à rendre à ses actionnaires.
Petra De Sutter va-t-elle passer un mauvais moment devant la chambre aujourd’hui ? Pas sûr, dit De Tijd, qui rappelle que presque tous les partis, y compris ceux qui sont sur les bancs de l’opposition, ont adopté des pratiques similaires. Ils ne devraient donc pas lyncher la ministre.
De Morgen s’interroge aussi : pourquoi en Belgique, a-t-on besoin de cabinets ministériels aussi pléthoriques, avec finalement si peu d’efficacité ?
Certains disent que les ministres sont bien obligés de s’entourer d’un grand nombre de collaborateurs disposant d’expertises fiables, parce que notre pays est complexe et les pouvoirs y sont divisés. Un enchevêtrement administratif un peu désespérant pour le quotidien, qui appelle à clarifier et simplifier ce qui existe.
La presse flamande pointe le rôle du PS dans le dossier bpost
Le Parti socialiste a influé sur les négociations avec bpost. C’est ce que révélait De Tijd la semaine passée, et que relaient encore ce mardi Het Laatste Nieuws ou De Standaard. Impliqués : le ministre PS de l’économie Pierre-Yves Dermagne, mais aussi le président du parti, Paul Magnette. Le PS qui considère l’entreprise publique bpost comme la "machine à emplois par excellence", lit-on dans Het Laatste Nieuws.
Mais cette mauvaise gouvernance, elle nous coûte, à nous citoyens. L’action bpost, qui valait 28 euros il n’y a pas si longtemps, en vaut 4,5 aujourd’hui. Or, qui est l’actionnaire majoritaire de bpost ? C’est l’Etat. Et l’Etat c’est nous. Donc à la fin, c’est le contribuable qui paye pour cette mauvaise gouvernance, dénonce Het Laatste Nieuws.
Le cabinet de Georges Gilkinet emploie un conseiller payé par Skeyes
Le cabinet de la ministre Petra De Sutter n’est pas le seul à être pointé par les quotidiens. La Libre dénonce des pratiques similaires au sein du cabinet de Georges Gilkinet. Le ministre de la Mobilité emploie un conseiller payé par Skeyes, le contrôleur aérien. L’expert suit les dossiers aviation, dont celui du survol de Bruxelles.
"Le détachement constitue une pratique courante, d’ailleurs encadrée par un arrêté royal, quand il s’agit de mettre en place des cabinets ministériels. Elle permet au cabinet de faire supporter l’essentiel du coût de son collaborateur à l’administration."
Le problème ici, c’est que l’expert ne vient pas d’une administration, mais d’une entreprise publique autonome, Skeyes, qui a une finalité économique, et qui est dotée d’un contrat de gestion. Et sur un dossier sensible comme le survol de Bruxelles, on peut craindre un conflit d’intérêts. "C’est comme être à la fois contrôleur et contrôlé", analyse une source bien informée dans le quotidien.
L’expert en question se justifie dans La Libre : "Je pose une question : comment un cabinet peut-il prendre de bonnes décisions et bénéficier d’une bonne expertise, s’il ne va pas chercher les experts là où ils sont ?"
L'expert affirme qu’il n’y a aucun conflit d’intérêts même s’il reconnaît que la frontière est ténue. Pourtant, La Libre souligne que ce collaborateur a participé aux négociations sur la modification du contrat de gestion de Skeyes. Et s’interroge : "Comment rester impartial quand on représente le ministre qu’on conseille lors d’une négociation qui implique l’entreprise qui vous paye ?"