C’est La Libre qui établit cette comparaison. La présence de Joe Biden, lundi, à Kiev est un évènement aussi important que la visite de JFK à Berlin.
En édito, La Libre en précise la raison. Car, au-delà du geste fort – le soutien exprimé à l’Ukraine, c’est surtout un message destiné à plusieurs audiences que le Président américain a délivré.
Des présidents sur un terrain de guerre, il y en a déjà eu, souligne La Libre. Mais que ce soit Bush ou Obama, en Irak ou en Afghanistan, ces visites s’apparentaient plus ou moins à des expéditions en terrain conquis. Lyndon Johnson au Vietnam en 1966 était lui prudemment resté dans une base américaine. Là, insiste Libération, ce président sur sol ukrainien, cela va au-delà du symbole. C’est énorme de le voir arpenter, Ray-Ban sur le nez, bras dessus bras dessous avec Volodymyr Zelensky, cette ville que la Russie projetait de prendre en quelques jours.
Il y a l’endroit. Il y a la date. Ce 20 février est un anniversaire important en Ukraine. Le souvenir de l’un des moments clefs du soulèvement de la place Maïdan, qui mènera en 2014 à la destitution du président pro russe. (Libération)
Lieu, moment, et (encore) message.
Sacré tour de force de l’Américain qui s’est adressé à la fois aux Ukrainiens, aux alliés européens de l’Ukraine, aux Russes, aux Chinois et aux Américains.
Non, dit-il à destination de l’Ukraine, le changement de majorité au congrès n’entamera pas le soutien des États-Unis. C’est un "soutien inébranlable." (Le Figaro) La première puissance mondiale est totalement solidaire du pays convoité par la Russie. On le savait. Mais puisque désormais l’image prime sur le verbe, on le voit. (Libération)
Aux Russes, Joe Biden adresse une mise en garde. Voilà Vladimir Poutine spectaculairement prévenu que "les États-Unis resteront au côté de l’Ukraine jusqu’à la victoire." Message d’autant plus appuyé que les États-Unis ont "notifié" quelques heures à l’avance, la visite de leur Président, à Kiev. Pour le quotidien français, le message envoyé était bien : "qu’ils jouent avec leurs missiles comme lors de la venue d’autres visiteurs européens, s’ils l’osaient !" Histoire aussi, note au passage de Standaard, d’éviter de déclencher la troisième guerre mondiale.
Aux Américains, ensuite, Joe Biden, 80 ans vient confirmer qu’il est l’homme de la situation. "Apte et vigoureux" a dit son bulletin de santé. Si vigoureux qu’aucun démocrate ne se résout à briguer l’investiture de 2024.
Message, enfin à destination des éventuels soutiens de la Russie. Pour L’Avenir, clairement, depuis Kiev, Joe Biden s’adresse directement à la Chine. Chine dont on entend tout à la fois qu’elle pourrait livrer des armes à la Russie (c’est la thèse américaine) et qu’elle envisagerait un plan de paix (c’est l’annonce chinoise faite à Munich). Plan que Pékin entend garder secret jusqu’à la date anniversaire de cette guerre et plan, souligne encore Le Monde, auquel les alliés de l’Ukraine ne croient pas trop.
Ce mardi, Vladimir Poutine devrait "répondre" dans son discours à Joe Biden. Le Courrier International constate déjà qu’il n’aura pas grand-chose à offrir aux Russes. Pas de victoire, et même au contraire, quelques sombres perspectives évoquées dans cet article : une nouvelle mobilisation, un décret instaurant la loi martiale voire, histoire de parler d’autre chose, l’intégration à la Russie des territoires pris à la Géorgie en 2008, à savoir l’Ossétie du Sud et l’Abkhasie dont les dirigeants sont attendus à Moscou, mercredi 22 février.
Vladimir Poutine aura compris le message de Joe Biden. Il ne doit pas aller trop loin ! Insiste Le Soir.
Les semaines qui viennent s’annoncent décisives. Tant sur le plan militaire que politique.