La revue de presse : conflit chez Delhaize, les syndicats sont trop "rigides"

Déjà près de deux semaines de grève, et le blocage semble total entre direction et syndicats. Des syndicats qui feraient bien de réfléchir à leur rôle. C’est ce que pense l’éditorialiste du Standaard. Selon lui, certains seraient encore trop coincés dans le passé et dans l’ancien clivage entre "eux et nous". Alors qu’en réalité, employeurs et employés sont dans le même bateau. Chaque partie a intérêt à ce que l’entreprise se porte bien.

Quand il y a des bénéfices, le rôle des syndicats est de s’assurer que les gains sont bien répartis. Mais quand les temps sont durs, quand l’entreprise fait face à des nouveaux besoins, ces mêmes syndicats doivent aussi savoir briser les tabous et réfléchir ensemble. Par exemple la flexibilité, pointe De Standaard : ce n’est pas mauvais en soi, si ça fonctionne dans les deux sens, comme l’expliquait dans le journal un employé de magasin franchisé.

En s’accrochant à leurs vieux réflexes, "les syndicats se tirent une balle dans le pied et scient la branche sur laquelle ils sont assis", estime l’éditorialiste du Standaard.

Het Laatste Nieuws dénonce la posture adoptée par le PS dans ce dossier. Le parti ne parviendra pas à sauver le modèle Delhaize. Il n’en a d’ailleurs pas l’intention. Son soutien affiché n’est qu’un symbole politique. Et le quotidien flamand s’étonne que la gauche attende plus d’une grande multinationale que d’une PME bien implantée localement.

De Tijd aussi souligne ce paradoxe. Le quotidien économique rappelle aussi que jusqu’à présent, aucun emploi n’a été supprimé. Il y aurait même une montagne de postes vacants. Et puis, travailler dans un supermarché franchisé ce n’est pas non plus "un enfer social".

Tout autre ton en revanche dans Het Nieuwsblad, où on rappelle que les Néerlandais du groupe Ahold Delhaize ont été très brutaux dans leur communication, mais aussi dans leur décision. Celle de se débarrasser de leurs magasins, pour faire endosser les pertes non pas à ses actionnaires, mais bien aux travailleurs. Le quotidien le rappelle, cette tendance à franchiser n’est pas neuve. Elle permet par la même occasion de se débarrasser des syndicats, et affaiblit le système social. Pour Het Nieuwsblad, il est normal que Vooruit et le PS essayent d’empêcher ce mouvement, et qu’ils ne laissent pas les grandes chaînes augmenter leurs profits tout en grignotant les acquis sociaux.

Le PS veut créer un master en médecine à Mons et Namur, pour lutter contre la pénurie de médecins. Le MR n’en veut pas, ce serait trop cher. Comme les libéraux bloquent, Paul Magnette brandit la menace d’une majorité alternative avec Les Engagés pour voter ce décret. "La majorité PS-MR-Ecolo aux soins intensifs", titre L’Avenir. "La crise PS-MR menace les gouvernements francophones" dit L’Echo. Cette question en une de La Libre Belgique : "Les Engagés prêts à remplacer le MR dans les gouvernements du sud du pays ?" Ou encore "Magnette-Bouchez, le bras de fer" titre du Soir.

L’éditorialiste du Soir qui parle de "guerre d’ego" et de "poussée de testostérone" mais aussi de "bagarre entre les coqs du poulailler hennuyer", sur fond de visées électoralistes. Parfaitement en phase avec son confrère de l’Echo qui utilise la même image, "une dramatisation, un combat de coqs politique à un peu plus d’un an des prochains scrutins". Que ce dossier "devienne subitement une affaire quasi existentielle pour le gouvernement francophone traduit surtout une préoccupation électorale."

De toute façon, lit-on dans les deux quotidiens, cette histoire de création d’un master en médecine à Mons et Namur est un prétexte. Ça ne résoudra pas la pénurie. Il y a pour cela bien d’autres moyens plus efficaces.

Et L’Avenir s’interroge : "si la Belgique est le pays du surréalisme, ses électeurs méritent-ils de telles crispations et le risque d’une paralysie politique pour un dossier qui, fondamentalement, ne changera pas grand-chose à leur quotidien ?"