Quelle que soit la raison pour laquelle l’aérostat s’est retrouvé au-dessus du ciel américain, la presse est unanime : cela ravive les tensions entre Washington et Pékin. Comment cet engin a-t-il pu dériver ainsi ? Au gré du vent, oui, admet De Morgen, mais peut-on se contenter de cette explication chinoise. "Le dirigeable civil effectuait des mesures météo et sa trajectoire a dérivé par vent d’ouest." L’argument météorologique est déjà celui utilisé par la Chine pour justifier ces installations militaires sur des îles de mer de Chine méridionale.
Ne serait-ce pas plutôt une arme de guerre psychologique, se demande le quotidien flamand. La Chine laisse innocemment filer, dans le ciel de son rival, un engin gros comme 3 autobus, transportant 450 kg d’appareillage, afin que chacun, à l’œil nu, puisse s’apercevoir que les Etats Unis se laissent survoler sans réagir ? Et cela, à la veille de l’arrivée en Chine du secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken ?
Autre piste, celle d’une guerre interne à la Chine. Un soufflet au visage du dirigeant Xi Jinping, lui qui s’est personnellement investi dans la visite d’Antony Blinken et l’offensive de charme diplomatique qui devait en découler. Les diplomates chinois n’auraient donc pas été au courant qu’une opération ballon était lancée à la veille de cette visite… Erreur ou affront, la presse hésite.
Pour Le Temps en Suisse, toute cette affaire de ballon est bien plus un révélateur. En 2001, un avion de reconnaissance américain était entré en collision avec un appareil chinois, tuant le pilote. L’équipage américain, indemne, avait été capturé. Mais, puisque l’heure était à l’entrée de la Chine dans l’OMC, la crise n’avait pas pris une telle ampleur. Si un simple ballon inhabité provoque un tel souffle, c’est le signe, cette fois, que la relation entre les 2 puissances rivales est au bord de la rupture, sur la crête, écrit Le Monde.