La revue de presse : D’un parlement à l’autre, le défi de la bonne gouvernance

"Poussé vers la sortie, Marcourt démissionne" titre L’Echo. Mais pas seul, insiste la presse : "Marcourt démissionne avec son bureau" souligne L’Avenir. Suivant la formule de Sudinfo, une démission totale, que le quotidien juge logique vu la faute collective.
Logique, peut-être. Collective, sans doute. Mais surtout, bien tardive, juge L’Avenir. "Cette interminable séquence a indéniablement écorné le regard des Wallons sur la façon dont sont gérés et les affaires, et les deniers publics."

Car si tous ont fait un pas de côté, finalement, souligne La Libre, "personne n’a reconnu la moindre responsabilité personnelle dans toute cette affaire."

Réponse du désormais ex-président du Parlement wallon :
"Je suis droit dans mes bottes. J’ai le sentiment de n’avoir commis aucune faute.
Depuis mon arrivée à la présidence (septembre 2019), j’ai fait les choses comme elles devaient être faites." (Le Soir.)
La libre, en édito, juge que "dès lors que de l’argent public circule, il faut une organisation collective qui empêche la concentration dans les mains d’une seule personne. Aucune règle, certes, n’empêchera ni les pires dérives ni les mandataires d’accepter de se faire corrompre, mais des principes de bonne gestion éviteront qu’au moins les responsables politiques ne se rejettent mutuellement et indéfiniment la faute."
A ce stade, ce n’est plus question d’honneur ou de morale personnel, c’est un impératif collectif !

Dans cette affaire, écrit Le Soir, tout le monde, le Parlement en premier, mais la justice ensuite et la démocratie plus généralement, tout le monde a intérêt que le flou se dissipe au plus vite.

Après vingt perquisitions (dix-neuf à des domiciles privés, une au Parlement européen qui a mené à la mise sous scellés d’une dizaine de bureaux d’assistants parlementaires) il n’en faut pas beaucoup plus pour que la faute de quelques-uns n’éclabousse l’ensemble des élus.
Ce qui est notable et qui est noté par De Standaard, c’est que "personne ne sait trop bien où va s’arrêter cette enquête. Au Parlement, les partis retiennent leur souffle."

Le Courrier international le souligne également dans un tour d’horizon, ce matin, de la presse européenne : d’un côté, la tension et l’incertitude qui plane dans les rangs parlementaires – rapportée par la Vanguardia ; de l’autre, les spéculations qui vont bon train :"après Eva Kaili (l’eurodéputée grecque, vice-présidente du Parlement européen, inculpé et écrouée) qui sera le prochain ?" (Der Standard.)

"Choc, peur et colère chez les députés" constate le Corriere della Sera, mais surtout, voici le virus de la méfiance qui va désormais entacher chacun des actes de ce parlement lié au Qatar.

A la lumière de ces commentaires, il faut s’interroger : comment ce Parlement européen (et cela vaut aussi pour le Parlement wallon), comment ces parlements peuvent-ils retrouver la confiance du public qui les a élus ?

Pour le Temps, il est essentiel de renouveler le devoir d’exemplarité, cela passera à coup sûr par un travail de nettoyage (Suddeutsche Zeitung) et ce nettoyage, ajoute le quotidien allemand, s’il commence maintenant, risque de durer longtemps. Baisser la garde n’est pas une option, ajoute Le Soir.
D’autant qu’en face du parlement, il n’y a pas que le Qatar. "Dans la nouvelle géopolitique mondiale, souligne le Temps quand l’Union cherche à s’imposer comme une puissance mondiale aux valeurs démocratique solide, entre Etats unis d’un côté, et pouvoirs autoritaires de l’autre, il sera difficile de le faire de façon crédible quand on est encore, en interne, si loin du compte."