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La revue de presse : guerre en Ukraine, et si les drones fissuraient le front occidental ?

La revue de presse

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Par Nicolas Vandenschrick via

L’Europe élargie se réunit ce vendredi en Moldavie. Inquiète, la presse évoque de possibles fissures dans le front occidental. Les attaques aux drones lancées contre Moscou sont en effet contraires à l’une des lignes rouges fixées par certains : ne pas attaquer la Russie sur son territoire national

En frappant la Russie sur son propre territoire, l’Ukraine serait-elle en train de franchir l’une de ces lignes rouges tracées par ses alliés ? Avant de tirer cette conclusion, il faudra déterminer qui précisément est au départ de cette attaque sur Moscou. S’agissant de la précédente attaque sur le Kremlin, The New York Times avait rapporté qu’il s’agissait là bien d’une opération menée par l’Ukraine.

Ligne de fracture ? Pour certains, l’Ukraine doit se contenter de se défendre sur son territoire national. Pour d’autres, la guerre lancée par la Russie justifie que l’Ukraine se défende jusque ET y compris sur le territoire russe. Le risque de cette interprétation extensive du droit de se défendre est que plusieurs membres de l’Otan pourraient revoir la question de la livraison d’arme à l’Ukraine, explique De Morgen.

Ce n’est pas la seule fissure provoquée par ces drones. En démontrant aux Moscovites ce que signifiait réellement une guerre, l’attaque de drone a touché un point sensible.

Entraînement de drones à Lviv en Ukraine.
Entraînement de drones à Lviv en Ukraine. © Narciso Contreras/Anadolu Agency via Getty Images

De Standaard, lui, sonde une autre faille. La Pologne affronte de sévères critiques européennes et américaines après avoir adopté une loi antirusse. Ce texte met en place une commission d’enquête ayant pour mission d’évaluer l’influence russe sur la sécurité intérieure entre 2007 et 2022. Qualifiée de Lex Tusk (loi Tusk, du nom de l’ancien Premier ministre, Donald Tusk, principale figure de l’opposition), cette loi a tout les contours d’une arme taillée pour décapiter l’opposition polonaise, et cibler Donald Tusk. L’ancien Premier ministre, en 2010, a signé un contrat d’approvisionnement gazier avec Gazprom.

La Commission européenne, d’habitude moins rapide, a déjà réagi par la voix de son Commissaire à la justice. Didier Reynders a réclamé de Varsovie qu’elle transmette tous les documents pertinents qui ont conduit à cette loi. Les critiques européennes se sont accompagnées de critiques venues des Etats Unis. "Cette loi pourrait être utilisée pour bloquer la candidature d’homme politique de l’opposition sans procédure régulière" a déclaré le département d’Etat américain.

Côté russe, c’est le comportement du patron de Wagner qui soulève des interrogations. Evgueni Prigojine "dynamiteur de l’Etat russe" ne cesse de se montrer critique tant à l’égard de l’institution militaire qu’au sujet du discours officiel sur l’Ukraine. "Pour l’ancien bandit, chaque occasion est bonne pour interpeller les puissants et se mettre du côté du peuple. Peu importe, au passage s’il s’est lui-même immensément enrichi sous le règne de Poutine. Comment ne pas s’étonner du silence du président russe face aux insultes lancées contre son ministre et ami, Sergueï Choïgou, traité à plusieurs reprises – et publiquement – de salope", écrit Le Monde.

Bien entendu, pour Vladimir Poutine, rester au-dessus du jeu et laisser ses subalternes s’entredéchirer peut sembler un signe de sa force. Mais ici, souligne Le Monde, l’arbitrage ultime tarde à venir. Pour les élites, l’un des rôles du président est de garantir leur sécurité. Désormais, elles peuvent légitimement se sentir délaissées.

 

A noter, encore, ce matin cette colonne d’opinion publiée par The Guardian et qui s’inquiète, pas tant de la montée de l’extrême droite que de la normalisation qui semble l’accompagner. Au tournant du siècle, lorsque Jorg Haider est parvenu à se hisser au pouvoir en Autriche, Vienne et l’Europe se sont mis à manifester. L’Union européenne a formulé des sanctions. Aujourd’hui, le FPÖ, en Autriche, l’AfD, en Allemagne, le parti des Démocrates suédois, le Rassemblement national (France) ou l’arrivée au pouvoir de Giorgia Meloni (Italie) ne semble plus étonner personne. Comment sommes-nous descendus si profondément dans la boue. Et comment ne nous en inquiétons-nous pas plus ? Aucun parti ne semble se décider à faire une ligne de fracture, ou une raison de se battre. Pour ce commentateur du Guardian, c’est terrifiant.

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