La question est posée par Bret Stephens dans The New York Times. Interrogation prétexte pour analyser le refus actuel de livrer des avions de chasse à l’Ukraine.
Jusqu’ici, juge The New York Times, dans les livres d’histoire, on se contentera d’écrire "Joe Biden a succédé à Donald Trump et il a…" Quel sera la phrase suivante ? Sera-t-il le président qui a piteusement quitté l’Afghanistan, ou celui qui n’a pas réussi à infléchir le cours de la guerre en Ukraine ?
Signe, donc que ce qui préoccupe ces jours-ci la presse, c’est bien cette offensive russe en germe. Ce matin, The Guardian publie une interview du ministre ukrainien de la défense Oleksi Reznikov qui alerte : la Russie prépare une offensive qui risque de marquer le premier anniversaire de la guerre.
Il évalue la mobilisation russe aux alentours de 500.000 hommes.
Soit deux fois plus que lors de l’invasion lancée l’an dernier signale De Standaard qui poursuit en une : La Russie pilonne de plus en plus impitoyablement les soldats ukrainiens du Donbass. Signe avant-coureur, dit Kiev, de cette offensive de printemps.
Que retiendra-t-on de Biden ? Sera-t-il le président qui a mis un terme aux livraisons d’armes en refusant de fournir des avions de chasse ? En somme, question posée en Une du Courrier International, cette semaine : "jusqu’ou ira la guerre d’Ukraine ?" Est-elle par ailleurs en mesure de gagner cette guerre ? En tous les cas, l’Occident fait tout pour, estime The Guardian, qui évoque une nouvelle “phrase cruciale” du conflit : L’envoi de chars occidentaux. Preuve que l’attitude des Occidentaux se durcit, et que les chars confèrent un avantage militaire à l’Ukraine qui “pourrait être décisif”.
Dans une dépêche publiée ce jeudi matin, Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne n’exclut déjà plus la livraison d’avion de chasse allemand ou américain. Le non de Joe Biden semble plutôt être un pas tout de suite. The New York Times décrypte le rituel diplomatique : d’abord Kiev demande des armes. Ensuite, l’administration Biden refuse et suggère que l’Europe livre les armes en deux fois moins de temps. Les pays européens de l’Otan hésitent, déclarent attendre que les Etats Unis acquiescent. Finalement, Biden donne son accord et la livraison d’arme (américaine ou européenne) a lieu. Argument supplémentaire développé par la presse : pourquoi la chambre des représentants aurait-elle voté à Washington un budget militaire destiné à la formation de pilote ukrainien sinon avec en tête l’idée qu’un jour ou l’autre Kiev disposera d’avion de chasse ?
Du reste, avion ou pas, les combats vont devenir de plus en plus brutaux, prévient le quotidien new-yorkais qui s’adresse alors directement aux citoyens russes : "bientôt, les vastes champs boueux de l’Ukraine seront de nouveau le théâtre d’une guerre de tranchées et de batailles de chars, qui opposeront cette fois des armes occidentales à une Russie aux abois. Le genre de conflit qui ne devait plus jamais se produire en Europe après la dernière guerre mondiale.”
Ici, en Belgique, les prix du gaz sont désormais 3 fois moins chers qu’en septembre.
La crise de l’énergie – provoquée par cette guerre – semble terminée, estime même ce matin Het Nieuwsblad. Sans cet incitant, la mobilisation occidentale aux côtés de l’Ukraine ne paraît pour l’instant pas faiblir. Sans doute nos dirigeants n’ont pas envie que l’Histoire se souvienne d’eux comme étant "celui qui a tourné le dos à l’Ukraine…"