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La revue de presse : Sanda Dia, un jugement et un anonymat en questions

La revue de presse

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Par Himad Messoudi via

Une revue de presse dans la langue de Vondel, ce vendredi. Une grande partie des journaux du nord du pays reviennent sur l’affaire Sanda Dia, dont les condamnations continuent de faire parler en Flandre.

Petit rappel des faits : Sanda Dia était ce jeune étudiant de la KUL, l’université catholique de Leuven décédé en décembre 2018, suite à un baptême étudiant au sein du cercle "De Reuzegom". Pendant 3 jours, le jeune homme avait été forcé de boire quatre litres d’huile de poisson, il a été plongé dans un trou d’eau froide, il a dû ingurgiter de la nourriture pour chien, une souris malaxée, il a été aspergé d’urine, traité de "nègre" ou de "bon pour la poubelle". Il est décédé d’hypothermie et d’un œdème cérébral. Vendredi dernier, la cour d’appel d’Anvers a condamné les 18 prévenus à des travaux d’intérêt général et à 400 euros d’amende.

De quoi susciter l’amertume, comme l’a écrit cette semaine le journal Le Monde.

Aujourd’hui, c’est la question de l’anonymat des condamnés qui fait réagir.

Vous ne trouverez nulle part les noms ou les prénoms de ces 18 jeunes, même pas des initiales, rien. Un influenceur flamand du nom d’Acid a révélé, mercredi, sur Youtube, le nom de quatre anciens membres du cercle étudiant. Le compte d’Acid a été supprimé par Youtube moins de 24 heures plus tard.

Et comme l’écrit Het Belang Van Limburg dans son éditorial, "à l’instar des journalistes de médias traditionnels, les influenceurs des médias sociaux doivent également faire preuve de prudence". Deux des quatre étudiants cités par l’influenceur n’étaient en effet pas concernés par cette affaire.

Mais c’est justement cet anonymat qui pose question. "Cette affaire touche un nerf sensible de la société", écrit le quotidien limbourgeois. "L’accusation de justice de classe n’est alors pas loin, comme si la justice protégeait les milieux sociaux élevés dont sont issus les auteurs des faits".

Hier soir, sur la VRT, dans l’émission Ter Zake, l’avocat et expert en vie privée Matthias Dobbelaer-Welvaert expliquait de façon très claire qu’après une condamnation, "le droit à l’anonymat devenait caduc, […] que ces jeunes condamnés étaient au final, en fait, bien mieux protégés que des citoyens modèles".
 

 

Pourtant la presse flamande a décidé de protéger l’anonymat de ces jeunes. Les médias écrits et audiovisuels, de façon unanime.

Het Laatste Nieuws, le plus grand quotidien du pays, s’explique : "S’agit-il d’une affaire d’importance sociale ? demande l’éditorial. C’est en grande partie le cas ici. Mais il faut tenir compte de la sévérité des peines. Étant donné qu’aucune peine de prison effective n’a été prononcée dans cet arrêt, nous avons choisi, écrit le journal, de ne pas mentionner de noms complets ni de montrer de photos dans nos articles. Ce principe est indépendant des critiques qui peuvent être formulées à l’encontre de l’arrêt. Nous pouvons lutter contre les imperfections de notre système juridique, mais la vraie justice ne peut jamais être gagnée par la colère et les représailles".
 

Néanmoins, des noms circulent sur les réseaux sociaux, on l’a vu avec cet influenceur, et Het Laatste Nieuws fait sa Une ce matin sur la chasse aux sorcières qui concerne désormais les avocats et les parents d’anciens membres du cercle étudiant. Ainsi, un restaurant étoilé anversois détenu par les parents d’un étudiant qui n’a pas été condamné, envisage de fermer temporairement ses portes suite à une avalanche de critiques négatives. Même topo pour une boulangerie et une entreprise de transports, également prises pour cible.

Bref, cette affaire laisse des traces. Et le fait que les condamnés se soient protégés, en taisant les détails du drame, n’a pas aidé, comme l’écrit Het Nieuwsblad : "On a le sentiment d’un manque d’empathie. Aucun d’entre eux n’a dit la vraie vérité, pour se protéger et protéger le groupe. Tous les accusés n’ont pas jugé nécessaire d’être présents pour entendre le verdict, ce qui est vraiment regrettable", selon le journal.

Cette affaire, au final, a fait mal et continue de faire mal en Flandre. Il reste encore bien des questions dont il serait intéressant d’obtenir certaines réponses, un jour.

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