Enquête de la CPI, exclusion de la Coupe du monde de football, nouvelles sanctions financières : la pression s'est encore accrue lundi sur la Russie, qui a posé ses conditions pour mettre fin à la guerre en Ukraine, tandis que ses forces bombardaient Kharkiv, la deuxième ville du pays.
"Je suis convaincu qu'il existe une base raisonnable pour croire que des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité présumés ont été commis en Ukraine" depuis 2014, a déclaré le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) Karim Khan, souhaitant déclencher "aussi vite que possible" des investigations à ce sujet.
Moscou est par ailleurs sur le banc des accusés à l'Assemblée générale de l'ONU réunie en "session extraordinaire d'urgence". "Les combats en Ukraine doivent cesser", a martelé le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres. "Trop c'est trop. Les soldats doivent retourner dans leurs casernes".
Parallèlement à cela, douze membres de la mission russe à l'ONU ont reçu l'ordre des Etats-Unis, qui les accusent d'espionnage, de quitter leur territoire avant le 7 mars. Une "démarche hostile", a réagi la Russie.
Dans ce contexte, la Turquie a interdit lundi soir le passage des détroits du Bosphore et des Dardanelles à tous les navires de guerre appartenant à des Etats "riverains ou non de la Mer noire".
Exigences russes, négociations
Reconnaissance de la Crimée en tant que territoire russe, démilitarisation et "dénazification" de l'Ukraine : Vladimir Poutine a pour sa part posé ses conditions lundi à l'arrêt de l'invasion au cours d'un échange avec son homologue français Emmanuel Macron, le président en exercice de l'Union européenne.
Les délégations russe et ukrainienne qui se rencontraient pour la première fois, au Bélarus, depuis le début de l'invasion jeudi sont de leur côté rentrées pour "consultations dans leurs capitales" respectives, après avoir convenu vouloir un "deuxième round" de pourparlers.
Un règlement "n'est possible que si les intérêts sécuritaires légitimes de la Russie sont pris en compte sans conditions", a répété le Kremlin, ajoutant espérer que les négociations "mèneraient aux résultats espérés".
La présidence ukrainienne avait souligné, avant leur ouverture, qu'elle réclamerait "un cessez-le-feu immédiat et le retrait des troupes (russes) du territoire ukrainien".
Intenses combats à Kharkiv
Le début des pourparlers a coïncidé avec d'intenses combats pour Kharkiv (nord-est), proche de la frontière russe. Au moins onze personnes ont été tuées dans des bombardements russes sur des quartiers d'habitation, selon le gouverneur régional, qui a dit craindre qu'il n'y ait eu des "dizaines de morts".
Un photographe de l'AFP a vu les corps sans vie de deux soldats russes devant une école en ruines, non loin du centre de cette ville de 1,4 million d'habitants.
Dans le même temps, l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) signalait que les forces russes se trouvaient à proximité de la plus grande centrale nucléaire d'Ukraine, celle de Zaporizhzhia (Est).
A Kiev, la situation semblait plus calme lundi, après un week-end sous couvre-feu. Mais beaucoup se préparaient à un nouvel assaut russe.
La capitale était hérissée de barricades de fortune et des panneaux électroniques publics prévenaient les Russes qu'ils seraient accueillis "par des balles".