Environnement

La santé victime… Et coupable du dérèglement climatique ?

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Comment soigner si le personnel d’un hôpital ne peut plus se rendre sur son lieu de travail dans les suites d’un ouragan ? Ou si la canicule est tellement forte que les médecins de villes stoppent leurs visites à domicile ? Ou encore s’il y a des ruptures d’approvisionnement énergétiques dans les blocs opératoires ?

Le dérèglement climatique va fortement impacter la santé et l’ensemble du système de soins. Contrairement à ce que nous pourrions penser, ce ne sont probablement pas les évènements climatiques extrêmes qui causeront le plus de victimes. Par contre, la structure du système de soins sera fortement sollicitée par ces évènements ce qui pourrait gêner, voire empêcher de prodiguer les soins à l’ensemble des malades. On ne peut exclure, même si c’est difficile à prévoir, l’apparition de nouvelles pandémies.

Le troisième impact qui est le plus craint par les scientifiques est celui des conséquences indirectes du dérèglement climatique à savoir l’afflux massif de réfugiés et la baisse des rendements agricoles provoquant des famines.

Efforts titanesques pour se débarrasser des énergies fossiles d’ici 2050

Cela justifie les efforts titanesques que l’humanité doit accomplir pour se débarrasser des énergies fossiles d’ici 2050 en essayant de diminuer les émissions de gaz à effet de serre de 90% pour limiter au maximum les dérèglements climatiques.

L’étude la plus aboutie publiée en 2021 par Le Shift Project évaluait les émissions du secteur de la santé en France (très proche du nôtre) à près de 46.000.000 équivalents CO2 soit 8% des émissions totales de ce pays. Ce chiffre montre bien l’importance de ce secteur qui ne peut donc faire l’impasse de l’atténuation car, comme le dit le GIEC, chaque tonne compte.

La décarbonation du système de soins inclurait le bâtiment, la mobilité et l’alimentation comme pour les autres secteurs économiques mais il faudra aussi trouver les moyens de diminuer les émissions de gaz à effet de serre liés à la fabrication des médicaments et du matériel médical ce qui pourrait être une tâche beaucoup plus ardue.

En effet, certains processus chimiques nécessaires pour obtenir les molécules finales émettent du CO2. Les processus de stérilisation sont également très énergivores. La réutilisation du matériel est bien plus délicate que pour des secteurs classiques. 

Ainsi, les projections réalisées par le Shift Project suggèrent que la potentialité de décarbonation de l’industrie pharmaceutique et médicale ne permettra pas de baisser les émissions du secteur suffisamment.

Les pistes de solutions

Il est donc avant tout nécessaire de lutter contre le gaspillage massif qui parcourt le secteur. Il suffit de mentionner que notre pays consomme deux fois plus de médicaments par habitant que les Pays-Bas avec une même espérance de vie pour comprendre que des économies de GES sont facilement faisables ici et maintenant.

Une autre piste, à moyen terme, serait de développer la prévention afin que le nombre de patients diminue et que la "demande de soins" décroisse et avec elle les émissions de GES incompressibles que nous venons de mentionner.

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